Le camp Gbagbo met la pression sur l’Onuci, Villepin appelle à négocier

Alors que l’Onuci, par la voix de son chef Choi Young-jin, dénonce les manœuvres d’intimidation physique du camp Gbagbo, l’ancien Premier ministre français Dominique de Villepin, demande l’envoi d’un négociateur de la communauté internationale.

Dominique de Villepin et Laurent Gbagbo, le 3 janvier 2003 à Abidjan. © AFP

Dominique de Villepin et Laurent Gbagbo, le 3 janvier 2003 à Abidjan. © AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 20 décembre 2010 Lecture : 3 minutes.

La situation est de plus en plus tendue entre le camp du président sortant Laurent Gbagbo et la mission des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci). L’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU dans le pays, Choi Yong-jin, a dénoncé lundi 20 décembre, les manœuvres d’intimidation menées par des éléments pro-Gbagbo, alors que, plus tôt dans la journée, la Haut commissaire aux droits de l’homme des Nations unies, Navi Pillay, avait dénoncé des « violations massives des droits de l’homme » dans le pays.

« À partir du 15 décembre, indique Choi, le camp du président Gbagbo a accru les actes hostiles à l’endroit de la communauté internationale, y compris le corps diplomatique. […] Depuis le 18 décembre, le camp du président Gbagbo a commencé à envoyer des jeunes gens armés aux domiciles des personnels des Nations unies pour frapper à leur porte et demander la date de leur départ ou entrer pour y effectuer des fouilles sous prétexte de chercher des armes. » Choi ajoute que « ces visites ont surtout lieu la nuit ». En dépit, donc, du cessez-le-feu en vigueur de 00h00 à 05h00 (locales et GMT).

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L’envoyé spécial de Ban Ki-moon a également rappelé l’attaque d’une patrouille de l’Onuci dans la nuit de vendredi à samedi, avec des tirs contre le siège de l’organisation, ainsi que le renforcement de barrages « sur la route donnant accès à l’hôtel du Golf [QG du président élu Alassane Ouattara] », bloquant les véhicules de l’Onuci « y compris une ambulance transportant du personnel médical ».

"Mauvaise foi"

Laurent Gbagbo a exigé samedi le retrait des Casques bleus et des soldats français de la force Licorne, les accusant de soutenir militairement le camp Ouattara, mais s’est heurté à un refus catégorique. « Il faut une bonne dose de mauvaise foi pour qualifier le dévouement et l’impartialité militaire de l’Onuci comme prise de partie en faveur d’un des belligérants et comme contribution à la violence », a réagi Choi, ajoutant que l’Onuci « continue de faire [son] travail » malgré « les blocages ».

« Nous devons essayer de protéger les civils dans tous les cas. C’est pour cela que malgré les difficultés nous continuons nos patrouilles militaires et de police, la nuit et le jour, même des fois avec les chars et nous allons continuer », a-t-il expliqué.

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"Aller sur le terrain"

Sur la radio française RMC, l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin a quant à lui jugé que le rôle de l’ONU devait aller plus loin, en collaboration avec la France. « La communauté internationale ne peut pas se contenter de faire des phrases qui ne sont pas suivies d’effets et pour cela je ne connais pas deux solutions : il faut aller sur le terrain », a-t-il déclaré.

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« L’Union africaine a envoyé un médiateur, Thabo Mbeki, l’ancien président sud-africain, il faut que la communauté internationale à travers les Nations unies, il faut que la France, avec l’Europe, envoient sur place un représentant capable de mener une négociation », a-t-il expliqué, jugeant – on ne se refait pas – que « c’est à la France » de prendre une telle initiative.

Dominique de Villepin a rappelé son rôle comme ministre des Affaires étrangères lors de la signature des accords de Marcoussis, en janvier 2003, entre Laurent Gbagbo et l’opposition ivoirienne. « J’ai conduit cette négociation en 2003 de façon réussie puisque nous avons, sans trop d’encombres, évité la guerre civile, il faut reproduire le même type de négociation », a-t-il dit. Avant d’ajouter qu’il fallait « trouver une solution où le président élu Alassane Ouattara puisse prendre le pouvoir tout en laissant une place à l’opposition. […] Je ne crois pas à la logique de l’ultimatum. » Gbagbo, lui, a fait savoir qu’il souhaitait négocier, à condition de rester président… (Avec AFP)

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