Amnesty tance Kadhafi sur le respect des droits des migrants

Non seulement le « Guide » n’a pas obtenu l’intégralité des cinq milliards d’euros qu’il réclamait pour lutter contre l’immigration clandestine en direction de l’Europe, mais Tripoli est dénoncée par Amnesty International pour le non respect des droits des clandestins qui transitent par le territoire libyen.

Mouammar Kaddafi et Silvio Berlusconi (à dr.), le 30 août 2010 à Rome. © D.R.

Mouammar Kaddafi et Silvio Berlusconi (à dr.), le 30 août 2010 à Rome. © D.R.

Publié le 17 décembre 2010 Lecture : 2 minutes.

Quand Abdou a fui son pays, l’Érythrée, il pensait en avoir fini avec l’enfer – son service militaire à rallonge, ses geôles et ses tortures. Puis, après avoir traversé le Soudan, il est entré en Libye.

Là, il a déchanté. « À peine arrivé, je me suis fait voler mes affaires. Je n’ai pas voulu aller le signaler à la police, car je n’avais pas de visa, nous racontait-il récemment, alors qu’il avait rejoint la France. Quelque temps après, je me suis fait arrêter. On m’a jeté en prison, où on se fait traiter de “sale animal” ou de “sale noir”. J’y suis resté plusieurs jours. J’ai vu des Africains se faire tabasser. Ils n’avaient rien fait pourtant. On n’avait pas assez à manger et l’eau qu’on nous donnait était infecte. » Aujourd’hui, Abdou est en Angleterre, où il a retrouvé de la famille. Mais combien n’ont pu franchir l’obstacle libyen ?

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Des excès libyens bien rétribués

Beaucoup, selon un rapport publié le 14 décembre par Amnesty International. « Depuis [quelques années], le nombre des réfugiés a considérablement baissé en Europe », indique le rapport. La plupart des candidats à l’exil sont soit bloqués par les garde-côtes libyens, soit refoulés en Libye. Ils sont exposés « à la torture », « aux vols et aux agressions », et « vivent en permanence dans la crainte d’être arrêtés ». Selon les autorités libyennes, ils seraient plus de 3 millions dans ce cas. La plupart viennent de Somalie et rêvent de gagner l’Europe.

En Libye, le statut de réfugié n’existe pas. Et, comme le remarque Farah Anam, une Somalienne arrivée à Malte en juillet, « mieux vaut mourir en mer que de retourner en Libye ». « Les femmes sont particulièrement vulnérables », souligne l’ONG, qui rapporte le cas de cette migrante qui a dû couper elle-même le cordon ombilical de son enfant mort-né.

Cela n’a pas empêché la Commission européenne de signer avec les autorités libyennes, en octobre, un « programme de coopération » pour « une gestion efficace des flux migratoires » jusqu’en 2013, pour un montant de 50 millions d’euros. Ni de négocier un accord-cadre qui permettra aux États membres de renvoyer à Tripoli des ressortissants de pays tiers passés par la Libye avant de fouler le sol européen.

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« L’UE ne doit pas fermer les yeux sur les incessantes violations des droits de l’homme en Libye », souligne Malcolm Smart, chargé du Moyen-Orient et de l’Afrique à Amnesty. Du côté libyen, on rétorque que le pays dépense chaque année « des sommes colossales » pour arrêter les flux. Sans une rallonge de l’aide européenne, la Libye réduira la chasse aux migrants, a annoncé Tripoli le 13 décembre.      
 

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