Épidémie de méningite A : le début de la fin
Un nouveau vaccin, plus efficace et moins cher, vient d’être mis au point contre le fléau de la méningite A. Une campagne massive de vaccination est lancée au Burkina Faso, au Mali et au Niger.
Du nord du Sénégal à la pointe est de l’Éthiopie, quand vient la saison sèche, « la maladie du vent » fait trembler toutes les mères. Elle frappe au hasard, de janvier à mars, puis disparaît avec les premières pluies.
Chaque année, une épidémie de méningite A sévit exclusivement et irrémédiablement dans les 25 pays de la « ceinture méningitique ». Chaque année, elle tue quelque 5 000 enfants et jeunes adultes, qui décèdent au plus tard quarante-huit heures après l’apparition des premiers symptômes (fièvre, maux de tête, somnolence), et en touche 80 000 à 100 000 autres, dont 10 % à 20 % garderont des séquelles à vie (lésions cérébrales, troubles de l’apprentissage, surdité). Un coût humain, mais aussi financier, considérable.
Redoutable
Cette année, ce sera un peu différent. Un nouveau vaccin a été développé, le MenAfricaVac, et les premières campagnes de vaccination de masse ont été lancées dans trois pays particulièrement touchés : au Burkina Faso, depuis le 6 décembre, au Mali, depuis le 8, et au Niger, à partir du 14. Financées à hauteur de 50 millions de dollars (38 millions d’euros) par l’Alliance mondiale pour les vaccins et l’immunisation (Gavi) et par les États, ces campagnes vont permettre de protéger 33 millions d’enfants et de jeunes âgés de 1 à 29 ans. Le Burkina Faso s’est organisé pour que 12,5 millions de personnes soient vaccinées d’ici à la fin du mois de décembre. Au Mali et au Niger, les campagnes se poursuivront en 2011.
« La méningite à méningocoques de groupe A est redoutable car elle est saisonnière et épidémique, avec un pic tous les dix ans, explique Jean-Marie Okwo-Bele, directeur du département vaccination de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le pic de 1996-1997, qui a touché plus de 250 000 personnes et causé 25 000 décès, a fait l’effet d’un détonateur. Les États africains nous ont alors demandé de les aider à disposer d’un vaccin efficace et à mettre en place une stratégie préventive à grande échelle. »
Financement de l’immunité
Il a fallu attendre le financement de 70 millions de dollars de la Fondation Bill et Melinda Gates, en 2001, pour créer le Projet Vaccins Méningite (MVP), qui est un partenariat entre l’OMS et l’ONG américaine Path. Dix ans plus tard, le résultat est là.
Développé et fabriqué en Inde par le Serum Institute of India Ltd (Siil), le MenAfricaVac est le premier vaccin conjugué contre la méningite A, conçu sur le modèle de ceux développés en Europe au début des années 2000 contre la méningite C.
Cette technologie de conjugaison le rend particulièrement performant : le vaccin assure une meilleure immunité, plus durable (quinze ans au lieu de deux ans), et est bien plus abordable que celui qui existe déjà, peu efficace et trop cher (3,50 dollars la dose, contre moins de 0,50 dollar pour le MenAfricaVac). « C’était le prix plafond, explique Marc LaForce, directeur du MVP, pour que le vaccin puisse être introduit à grande échelle dans les 25 pays d’ici à 2015 », comme le prévoit le projet.
Un enjeu de taille, puisque les études cliniques montrent que le vaccin confère à moyen terme une immunité communautaire. Ce qui veut dire que, à défaut d’éradiquer la maladie, il sera possible d’éliminer les épidémies. À condition de réunir 475 millions de dollars pour que soient vaccinées 300 millions de personnes dans les 22 autres pays.
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