Opération séduction envers les exilés rwandais pour Paul Kagamé
Lors d’une visite à Bruxelles le 6 et 7 décembre, le président rwandais Paul Kagamé a tenu à rassurer les exilés rwandais sur les conditions de leur éventuel retour au pays. Tout en rappelant les limites à ne pas franchir dans son régime…
Dans un entretien publié par le quotidien belge La Libre Belgique ce mercredi, le président rwandais Paul Kagamé invite ses concitoyens vivant en exil à rentrer au Rwanda pour participer à son développement. « Si ceux qui sont partis revenaient, ils verraient que le pays va mieux qu’à leur départ et qu’eux sont plus mal qu’alors. […] Nous cherchons à rassurer tous les Rwandais », affirme-t-il. Pour lui, les Rwandais de la diaspora « doivent être associés à ce qui arrive au pays et y contribuer ». Mais le leader du Front patriotique rwandais (FPR) reconnaît que la société rwandaise n’est « pas homogène », et que cela induit des difficultés.
« Il y a les rescapés, les criminels, les gens associés avec les criminels qui n’ont pas tué eux-mêmes… toutes sortes de gens », précise-t-il. « Il faut créer un environnement régi par la loi et la justice pour que chacune de ces catégories soit relativement à l’aise pour vivre, même si tout ne leur convient pas », explique-t-il. Non sans prendre un exemple, qui ne rassurera cependant pas la plupart des réfugiés rwandais, lesquels ont peur d’être assimilés à des génocidaires et de subir la vengeance du parti au pouvoir : « Au Rwanda, il y a un processus pour les criminels. Celui qui se repent peut être pardonné et réintégré. »
Violations des droits de l’homme
Kagamé était lundi et mardi en visite à Bruxelles dans le cadre des Journées européennes du développement. Il a profité de cette occasion pour rencontrer plus de 2 000 Rwandais de la diaspora vivant en Europe. Une démarche qui ne s’est pas faite sans heurts : lundi, une centaine de personnes ont manifesté pour dire leur opposition à sa visite. Dans leur tracts, Kagamé était accusé d’être le « principal responsable » de graves violations aux droits de l’homme dans son pays et dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Une accusation souvent relayée par des ONG comme Amnesty international ou Reporters sans frontières.
En réalité, il y a toujours des lignes rouges que, malgré l’apparente politique d’ouverture de Kagamé, il ne faut pas franchir au pays des mille collines. Le président rwandais ne se fait pas prier pour les rappeler en accusant par exemple l’opposante Victoire Ingabire d’avoir « épousé l’idéologie du génocide ». Il conteste aussi, contre toute vraisemblance, que de plus en plus d’officiers de l’armée rwandaise choisissent l’exil pour des raisons politiques. « Mettons qu’ils soient 100, ou même 200… Nous avons 3 500 militaires rwandais comme force de paix au Darfour et des milliers d’autres au pays », réplique-t-il calmement. (Avec AFP)
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Politique
- Le livre « Algérie juive » soulève une tempête dans le pays
- L’Algérie doit-elle avoir peur de Marco Rubio, le nouveau secrétaire d’État améric...
- Sexe, pouvoir et vidéos : de quoi l’affaire Baltasar est-elle le nom ?
- Au Bénin, arrestation de l’ancien directeur de la police
- Pourquoi l’UE s’apprête à accorder un nouveau soutien à l’intervention rwandaise a...