Guillaume Soro note « des risques réels » d’embrasement

Guillaume Soro, le chef du gouvernement du président élu, Alassane Ouattara, qualifie le président investi par la Conseil constitutionnel Laurent Gbagbo de « dictateur » dans une interview au « Parisien ». L’accusant en outre de recruter des mercenaires du Liberia, il juge que les risques d’embrasement de la Côte d’Ivoire sont « réels ».

Guillaume Soro, l’ancien Premier ministre de Laurent Gbagbo, et le nouveau d’Alassane Ouattara. © AFP

Guillaume Soro, l’ancien Premier ministre de Laurent Gbagbo, et le nouveau d’Alassane Ouattara. © AFP

ProfilAuteur_PierreBoisselet

Publié le 8 décembre 2010 Lecture : 2 minutes.

Soro ne mâche pas ses mots. Dans une interview au quotidien français Le Parisien, publié mercredi, celui qui était encore le Premier ministre très apprécié de Laurent Gbagbo il y a peu, a qualifié son ancien président de « dictateur ».

« Nous vivons un véritable coup d’État, a affirmé le Premier ministre d’Alassane Dramane Ouattara (ADO). Trois officiers généraux ont refusé de céder le pouvoir au nouveau président élu et maintiennent Gbagbo en place […] Gbagbo est non seulement un tricheur mais un dictateur », a-t-il lancé.

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Des mercenaires du Liberia

Interrogé sur la probabilité d’un embrasement de la Côte d’Ivoire, comme aux pires heures de la dernière décennie, Guillaume Soro a estimé que les « risques » étaient « réels », mais a réaffirmé ne pas vouloir la « partition » du pays.

« Laurent Gbagbo […] fait venir des miliciens de Liberia pour semer chez nous la désolation et la mort », a-t-il lancé. Cette accusation fait écho à l’appel de la présidente du Liberia, Ellen Johnson Sirleaf, pour que les ressortissants de son pays ne « s’immiscent » pas dans les affaires de la Côte d’Ivoire voisine.

Dans son communiqué, Monrovia indiquait avoir eu des informations selon lesquelles « certains individus et anciens chefs militaires avaient été contactés officieusement pour intervenir ».

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Selon Guillaume Soro, le chef du gouvernement nommé par le président régulièrement élu Alassane Ouattara, « Gbagbo a bien compris que la communauté internationale a toujours été hésitante et vacillante face à l’application de ses résolutions ». Mais il espère qu’il en ira autrement cette fois en évoquant la capacité « de tous les défenseurs de la démocratie, des Africains comme de la communauté internationale, pour imposer à Gbagbo de céder le pouvoir comme hier les États-Unis l’ont fait avec Charles Taylor au Liberia ».

Le choix de la vérité

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La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a décidé mardi de suspendre la Côte d’Ivoire de son organisation. Les États-Unis, la France, l’Union européenne et l’Union africaine, notamment, rejettent la reconduction de Laurent Gbagbo à la présidence ivoirienne, mais le Conseil de sécurité de l’ONU n’a pas pu se mettre d’accord sur une résolution dénonçant clairement le coup de force institutionnel, en raison de la résistance de la Russie, d’après des diplomates.

Revenant sur sa décision de rallier Alassane Ouattara, déclaré vainqueur du second tour de la présidentielle par la Commission électorale indépendante et l’ONU, Guillaume Soro a rappelé : « J’ai travaillé trois ans avec le président Gbagbo. Cela s’est très bien passé. J’ai toujours cru à la parole qu’il m’avait donnée de reconnaître le résultat des urnes. Mais à partir du moment où M. Ouattara a été élu et que Gbagbo ne le reconnaît pas, j’avais le choix entre la forfaiture et la vérité. »

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