L’UE envisage des sanctions contre Gbagbo, le couvre-feu est prolongé
Alors que la communauté internationale, favorable à Alassane Ouattara, accentue la pression sur le camp de Laurent Gbagbo, celui-ci a annoncé que le couvre-feu en vigueur depuis le second tour de l’élection présidentielle ivoirienne, était maintenu jusqu’au 13 décembre.
La tension n’en finit pas de monter à Abidjan et l’on voit mal comment le médiateur envoyé par l’Union africaine, Thabo Mbeki, pourrait la faire baisser. Le président (mis en place par le Conseil constitutionnel) Laurent Gbagbo et le président élu (d’après la CEI) Alassane Ouattara, qui ont chacun nommé un Premier ministre – Gilbert Marie N’gbo Aké pour le premier, Guillaume Soro pour le second – campent sur leur position.
Gbagbo peut compter sur une partie de l’opinion publique à Abidjan, sur les cadres de son régime, sur l’armée et la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci), tandis que Ouattara bénéficie du soutien des Forces nouvelles (FN, ex-rebelles) qui tiennent le Nord depuis 2002, et de l’appui de la communauté internationale qui accentue sa pression pour que le président sortant quitte le pouvoir.
Sanctions collectives ou individuelles
Ainsi, la chef de la diplomatie de l’UE Catherine Ashton s’est dit prête à « suivre les procédures qui prévoient des sanctions s’il n’y a pas une résolution rapide à cette situation de crise », selon sa porte-parole Angela Filote. À ce stade, les mesures que l’UE pourrait prendre pour contraindre le président Gbagbo à accepter le verdict des urnes ne sont pas connues en détails. Mais elles pourraient avoir un impact sur le programme d’aide au développement actuellement mis en œuvre par l’UE en Côte d’Ivoire, soit 254,7 millions d’euros sur plusieurs années.
« La haute représentante [Catherine Ashton, NDLR] rappelle que les résolutions de l’ONU en vigueur [au sujet de la Côte d’Ivoire, NDLR] prévoient des sanctions ciblées contre ceux qui font obstacle à la transition pacifique et aux élections », a également souligné Filote.
Jeunes supporteurs de Laurent Gbagbo, le 4 décembre devant le palais présidentiel.
© AFP
La crainte des violences
À Abidjan, les craintes d’une explosion de violences sont vives. Tout le monde garde en souvenir l’assassinat par des civils et des forces de l’ordre de huit personnes au siège de campagne de l’opposition, dans la nuit du 1er au 2 décembre, à Yopougon, dans l’impunité la plus totale. Lundi matin, des dizaines de jeunes sont sortis dans les rues des quartiers d’Adjamé, Abobo (nord), Treichville et Koumassi (sud) pour protester contre le putsch institutionnel de Laurent Gbagbo. Ils ont mis le feu à des pneus, érigé des barricades avec des bouts de bois, avant que la police ne les disperse à l’aide de gaz lacrymogènes. À Treichville, de nombreuses personnes ont été interpellées par la police. Le calme est cependant revenu en fin de matinée, ce qui montre que pour l’instant le mot d’ordre du camp de Ouattara est de privilégier la négociation, comme l’a rappelé le Premier ministre Guillaume Soro dans un interview à Europe 1.
La télévision publique ivoirienne RTI s’est quant à elle transformée en instrument de propagande du président sortant et radicalise son discours. De son côté, l’armée a annoncé que le couvre-feu, qui devait prendre fin ce lundi, était prolongé d’une semaine, jusqu’au 13 décembre, mais assoupli de trois heures (22h-5h au lieu de 19h-6h). Les frontières sont réouvertes depuis aujourd’hui, mais les mesures de sécurité ont été renforcées. (Avec AFP)
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