Bertrand Marchand : « En Tunisie, on dramatise tout après une défaite »
Durement critiqué par la presse et une partie de l’opinion publique après la défaite au Botswana (0-1) en qualifications pour la CAN 2012, Bertrand Marchand (57 ans) bénéficie du soutien de sa fédération. Mais le sélectionneur français de l’équipe tunisienne de football n’a plus le droit à l’erreur : s’il veut emmener les Aigles de Carthage au Gabon et en Guinée équatoriale, il devra réaliser un sans faute…
Jeuneafrique.com : Vous êtes-vous senti menacé après la défaite au Botswana le 17 novembre dernier ?
Bertrand Marchand : Non. Quand nous sommes rentrés de Gaborone le jeudi matin à 7 heures, j’ai reçu un peu plus tard un appel du président de la fédération, Ali Jeddi, qui m’a dit que vu les circonstances de ce match, lui et le ministre des Sports comprenaient.
Cette défaite au Botswana place votre sélection dans une situation délicate. Mais vous avez avancé quelques explications…
Oui. On a joué un mercredi, c’est-à-dire entre deux journées de championnat en Europe, où jouent beaucoup d’internationaux. Ceux de l’Espérance de Tunis avaient disputé quatre jours plus tôt la finale retour de la Ligue de champions contre Mazembé (1-1). Un voyage interminable, une nuit blanche, et de nombreux blessés (Jemâa, Chikhaoui, Allagui, Haggui, Chermiti), essentiellement des attaquants.
Les journalistes tunisiens vous ont pourtant durement critiqué…
J’entraîne depuis plusieurs années en Tunisie [Club Africain de 2005 à 2007, l’Étoile du Sahel en 2007-2008 et la sélection nationale depuis juin 2010, NDLR]. Je sais comment fonctionne la presse ici. Vous gagnez et elle se montre dithyrambique, et si vous perdez, elle exige votre départ… C’est pour cela que je ne lis pas les journaux et que je n’écoute pas trop ce qui se raconte dans les médias… Après la victoire au Togo (2-1), les commentaires, d’après ce qu’on m’avait rapporté, étaient élogieux. En Tunisie, il y a beaucoup de journalistes qui demandent le départ d’un entraîneur parce qu’il a fait deux matchs nuls de suite. Cela m’avait concerné quand j’entraînais des clubs. Moi, je ne me prends pas la tête.
Est-il exact qu’avant le match au Togo (2-1), le président Jeddi vous aurait dit en substance : « c’est la victoire ou la porte » ?
Pas du tout. Il n’a rien dit du tout d’ailleurs. Vous savez, cela fait trente ans que je suis entraîneur. Je sais qu’on peut se faire virer du jour au lendemain. Cela m’arrivera peut-être un jour. Moi, je travaille pour le football tunisien. Mais je constate que dans les clubs, l’espérance de vie d’un entraîneur, c’est trois mois ! Combien d’entre eux ont été virés cette saison ? Une dizaine. Le problème, c’est qu’en Tunisie, on dramatise tout après une défaite.
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