Alpha Condé et ceux « qui rendent la vie très chère »

Dans sa première interview en tant que président, Alpha Condé a appelé à l’unité nationale. Mais les slogans de campagne hostiles au camp de son adversaire du second tour, Cellou Dalein Diallo, n’étaient pas totalement oubliés.

Alpha Condé, le 3 décembre 2010, à Conakry. © AFP

Alpha Condé, le 3 décembre 2010, à Conakry. © AFP

ProfilAuteur_PierreBoisselet

Publié le 6 décembre 2010 Lecture : 2 minutes.

Après avoir été officiellement déclaré vainqueur de l’élection présidentielle guinéenne par la Cour suprême vendredi, le plus dur reste à faire pour Alpha Condé. Parmi ses défis les plus urgents et les plus difficiles : réformer et remettre sur pied un pays exsangue et parvenir à la réconciliation nationale.

Dans une interview à RFI diffusée lundi, il a annoncé quelques unes des décisions qu’il compte prendre dans les premiers jours de son mandat. Il a ainsi indiqué avoir immédiatement pris deux mesures populaires : la gratuité de l’hôpital pour « les femmes enceintes et les nourrices » et la suppression de l’impôt de capitation « qui pèse sur les paysans inutilement ».

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Recoudre le tissu social

Il a par ailleurs annoncé une réforme de l’armée, du secteur agricole, qui représente pour lui le plus grand scandale guinéen et fait de la lutte contre la corruption une de ses priorités.

Sur le plan de la réconciliation nationale, il a concédé que « le tissu social » était « assez déchiré », mais qu’il pouvait être « recousu », avec « de la bonne volonté, et une bonne gouvernance […] et surtout une politique basée sur la vérité et la réconciliation ».

Cette dernière remarque faisait référence à la mise en place d’une « conférence vérité-réconciliation » annoncée la veille dans les médias publics et qui rappelle la politique de Nelson Mandela, son « modèle », après la chute de l’apartheid.

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Accents de campagne

Pourtant, Alpha Condé semble ne pas avoir délaissé certains accents de la campagne du second tour, au risque de compliquer cette réconciliation.

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Si les divisions entre Malinkés (son ethnie) et Peuls (celle de Cellou Dalein Diallo) sont d’après lui le fait d’une « instrumentalisation  des populations » et « d’une amplification par les médias », il a reconnu qu’il existait « une mobilisation qui s’est faite, pas contre une ethnie, mais contre des gens qui détiennent le monopole économique et qui rendent la vie très chère ». « Il y a une révolte de la population contre le comportement de ces hommes d’affaires, a-t-il poursuivi. Et surtout malheureusement parce que la plupart de ces hommes d’affaires soutenaient le camp d’en face. »

Il a par ailleurs assimilé certains « hommes d’affaires » à des « trafiquants ».

Sur le gouvernement d’union nationale, qu’il s’était engagé à mettre en place une fois élu, il a apporté des précisions qui relativisent sa politique main tendue vis-à-vis du camp de Cellou Dalein Diallo. « Il ne faut pas confondre gouvernement d’union nationale et gouvernement des partis : il ne s’agit pas d’un gouvernement d’alliance de partis », a-t-il indiqué.

« Quand je dis gouvernement d’union nationale ça veut dire que toutes les composantes de la Guinée doivent se retrouver dans ce gouvernement. » Et le nouveau président de citer « les composantes régionales ou les forces vives, que ce soient les partis, les syndicats ou la société civile ».

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