Présidentielle ivoirienne : le grand saut dans l’inconnu ?

La Côte d’Ivoire est-elle à l’aube d’un nouvel épisode de violences ? C’est du moins ce que redoute une majeure partie des Ivoiriens alors que les signes s’accumulent d’un éventuel passage en force du président Laurent Gbagbo, donné perdant à 45,9 % (contre 54,1 % pour Alassane Dramane Ouattara) à l’élection présidentielle selon les résultats provisoires de la CEI.

Un homme en arme devant le siège de campagne de Laurent Gbagbo le 2 décembre 2010 à Abidjan. © AFP

Un homme en arme devant le siège de campagne de Laurent Gbagbo le 2 décembre 2010 à Abidjan. © AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 3 décembre 2010 Lecture : 2 minutes.

Sans vouloir jeter de l’huile sur le feu, il est évident que la situation en Côte d’ivoire est particulièrement critique, alors que tout le pays et la communauté internationale attendent avec impatience et nervosité la confirmation ou, plus vraisemblablement, l’infirmation des résultats provisoires de l’élection présidentielle proclamés à l’improviste hier après-midi par le président de la Commission électorale indépendante (CEI), Youssouf Bakayoko. Ceux-ci donnent Alassane Dramane Ouattara vainqueur du scrutin « avec 54,10 % des suffrages », contre 45,9 % pour le président sortant Laurent Gbagbo.

La situation est désormais suspendue à l’annonce, prévue dans l’après-midi, de Paul Yao N’Dré, président du Conseil constitutionnel et proche de Gbagbo (il a fondé avec lui le Front populaire ivoirien, FPI, au pouvoir). Or celui-ci a déjà indiqué que les résultats de la CEI n’étaient « juridiquement pas valides » car annoncés au-delà du délai légal de 72 heures après le scrutin.

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Quelle sera la réaction d’Alassane Ouattara, ici le 2 décembre 2010 à Abidjan, si le Conseil constitutionnel proclame Laurent Gbagbo vainqueur de la présidentielle ?
© AFP

Annulation de 400 000 votes ?

Le camp présidentiel réclame l’annulation de « votes frauduleux » dans trois régions du Nord : celles des Savanes, du Denguele et du Worodougou. Si le Conseil constitutionnel annulait ainsi quelque 400 000 votes – alors que le scrutin est jugé « démocratique » par l’ensemble des observateurs internationaux et proclamait la victoire du président sortant, une nouvelle partition de la Côte d’Ivoire pourrait avoir lieu, entre un Nord pro-ADO et un Sud pro-Gbagbo. Encore une fois, la Côte d’ivoire ferait le saut dans l’inconnu et la haine.

Peut-être pour éviter que les choses ne dérapent, le Premier ministre Guillaume Soro a déclaré dans un communiqué à la mi-journée « prendre acte de la proclamation des résultats provisoires » par la CEI et rester « en attente de la proclamation définitive des résultats par le Conseil constitutionnel ». Mais il « demande instamment » au représentant de l’ONU Young-Jin Choi de « certifier les résultats du scrutin présidentiel du 28 novembre 2010 afin de lui permettre de tirer toutes les conséquences juridiques et politiques du processus électoral ».

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Situation tendue à Abidjan

À Abidjan, la tension était particulièrement perceptible dans le quartier d’Abobo et d’Adjamé, bastions de ADO, récemment théâtres de violences meurtrières. Des groupes de sympathisants et d’importants détachements des forces de l’ordre, arme au poing, s’observaient mutuellement. Les risques d’une explosion meurtrière sont anticipés par l’armée qui a fermé les frontières, jeudi soir.

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Par ailleurs, signe que le camp Gbagbo ne veut décidément rien laisser au hasard, les autorités ont également ordonné « la suspension sans délai » de la diffusion des chaînes d’information étrangères, vraisemblablement jugées trop favorables à ADO. La télévision publique RTI est quant à elle accusée depuis longtemps d’être totalement inféodée au pouvoir.

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