Sumiati binti Salan, la bonne de la discorde

L’histoire de la domestique, Sumiati binti Salan Mustapa, est en passe de mettre sur la place publique une discorde entre Jakarta et des pays d’accueil d’immigrés indonésiens comme l’Arabie saoudite. Au point de provoquer une intervention présidentielle.

Le président indonésien, Susilo Bambang Yudhoyono. © Sonny Tumbelaka/AFP

Le président indonésien, Susilo Bambang Yudhoyono. © Sonny Tumbelaka/AFP

Publié le 3 décembre 2010 Lecture : 1 minute.

Les photos sont choquantes. Sumiati binti Salan Mustapa, une domestique indonésienne de 23 ans selon ses documents – 18 en réalité – y apparait alitée, défigurée. Admise le 8 novembre dans un hôpital de Médine, en Arabie saoudite, elle accuse sa patronne de l’avoir torturée depuis qu’elle est à son service en juillet dernier.

Alors que Sumiati doit subir une expertise psychiatrique, son propre avocat saoudien commis d’office a émis l’hypothèse qu’elle se soit infligée elle-même certaines blessures. Tout en lorgnant sur l’héritage de son employeuse, veuve depuis peu… L’enquête est en cours.

la suite après cette publicité

La proposition de Susilo Bambang Yudhoyono

À Jakarta, l’affaire a bouleversé jusqu’au président de la République Susilo Bambang Yudhoyono, qui a proposé qu’à chaque migrant soit attribué un téléphone portable pour appeler au pays si besoin. Aux yeux des associations indonésiennes qui dénoncent depuis longtemps la quasi-mise en esclavage de nombreux émigrés, cette idée prouve que le président ignore tout de la situation.

La plupart des 670 000 domestiques indonésiens travaillant en Arabie n’ont pas le droit de posséder un téléphone personnel. Mais les quelque 5,7 milliards d’euros de remises annuelles envoyés par les migrants (6,5 millions, dont 1 en Arabie) ont peut-être altéré un temps la lucidité des autorités.

Au royaume saoudien, l’affaire Sumiati a ravivé un débat aux relents racistes. Riyadh a immédiatement déploré le drame, tout en affirmant que ce type de traitement n’était « pas la norme » au royaume. Pour Suhaila Zain al-Abidin, de la Société Nationale des droits de l’homme saoudienne, ce sont les personnels expatriés qui « forcent les familles à les maltraiter parce qu’ils ne sont pas fiables ».

la suite après cette publicité

Certains travailleurs étrangers, de leur côté, estiment qu’il est « dans la nature des Saoudiens » de les rudoyer… Une ambiance qui a peu de chances de se détendre alors que le corps d’une autre domestique indonésienne avait été retrouvé le 11 novembre.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Qui peut battre « SBY » ?

Contenus partenaires