Élection présidentielle : plusieurs morts à Yopougon dans l’attaque d’un bureau du RHDP
Les camps des deux candidats Laurent Gbagbo et Alassane Dramane Ouattara (ADO) affirment avoir été victimes d’agressions armées. Il y aurait plusieurs morts – entre quatre et huit – parmi les militants du RHDP. Alors que l’ONU met la pression sur la CEI pour qu’elle annonce au plus tôt les résultats de l’élection présidentielle, la situation semble s’envenimer à Abidjan.
Alors que la Commission électorale indépendante (CEI) a dépassé le délai légal qui lui était imparti par la Constitution pour annoncer le résultat de l’élection présidentielle, des violences se sont produites dans la nuit et au petit matin à Abidjan. Elles concernent des militants du Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo et du Rassemblement des républicains (RDR) de Alassane Ouattara.
Selon Isouf Diomande, un représentant du RDR, le bureau de son parti dans le quartier de Yopougon a été attaqué aux alentours de 23 heures le 1er décembre, alors qu’une cinquantaine de partisans du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP, coalition de l’opposition) attendaient les résultats de la présidentielle.
Entre quatre et huit morts
« Des gendarmes sont arrivés et ont ouvert le feu pendant un moment, tuant quatre personnes et en blessant plus d’une douzaine », affirme-t-il. Selon l’AFP qui cite des sources policières et hospitalières, le bilan serait ensuite grimpé à au moins huit morts et une quinzaine de blessés.
Des Ivoiriens scrutent, le 2 décembre, les impacts de balles dans le bureau du RHDP attaqué la veille.
© Émilie Régnier pour J.A.
Non loin de là, dans la même rue, au bureau de La majorité présidentielle, la coalition soutenant Laurent Gbagbo, le député de Yopougon (FPI), William Attebi s’indigne. « Dans les médias on ne parle que de la version du RDR, mais c’est nous qui avons été agressés. Des militants du RHDP ont débarqué dans nos bureaux à la fin du couvre-feu, vers 6 heures du matin, avec des armes blanches – machettes, couteaux… Ils ont tout saccagé et blessé gravement quatre d’entre nous », affirme-t-il. Aucune source indépendante ne confirme ce bilan.
Provocations, guerre de communication, actes d’extrémistes isolés ? La situation est de plus en plus tendue à Abidjan, alors que l’ONU accroît la pression sur les deux candidats rivaux et sur la CEI pour une proclamation rapide des résultats provisoires.
Publication rapide des résultats
Mercredi, deux hauts dirigeants des Nations unies ont plaidé en ce sens. Selon l’un de ses porte-parole, le Secrétaire général de l’ONU, Ban ki-Moon, « souligne la nécessité pour la Commission électorale indépendante d`achever son travail et d`annoncer les résultats provisoires sans plus de délai ». Le chef de l’ONU reconnaît la possibilité pour la CEI de disposer d`un délai supplémentaire « si nécessaire », mais il insiste sur la nécessité d’une publication rapide des résultats qui est « un élément crucial en ce qui concerne l`intégrité et la validité du processus électoral ».
La Haute-Commissaire aux droits de l`homme de l`ONU, Navi Pillay a également donné de la voix. Elle a exhorté les responsables politiques à s’abstenir « de faire des déclarations qui incitent à la violence » et à éviter « toute autre action qui pourrait priver la population ivoirienne de ses droits démocratiques ». Les candidats « pourraient être tenus pour responsables pour toute violence commise en leur nom », a-t-elle prévenu. Sera-t-elle écoutée ? Rien n’est moins sûr…
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