Dans l’attente fébrile des résultats de l’élection présidentielle

Alors que selon la Constitution ivoirienne, la CEI avait jusqu’à minuit pour proclamer les résultats provisoires de l’élection présidentielle, la date limite n’a pas été respectée. Si la CEI affirme continuer à travailler pour atteindre le consensus, le camp de Laurent Gbagbo souhaite que le Conseil constitutionnel entre en jeu et annule le vote.

Youssouf Bakayoko dit rechercher le consensus pour proclamer les résultats de la présidentielle. © AFP

Youssouf Bakayoko dit rechercher le consensus pour proclamer les résultats de la présidentielle. © AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 2 décembre 2010 Lecture : 2 minutes.

Malgré les pressions internationales (ONU, UA, UE, France, États-Unis…) qui se sont accumulées hier, la Commission électorale indépendante (CEI) n’a pas respecté la date butoir théorique de mercredi minuit pour annoncer les résultats de l’élection présidentielle. Le président de la CEI Youssouf Bakayoko, a expliqué dans la nuit à la Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI) que les 31 commissaires de l’institution continuaient à travailler et que les résultats seraient publiés quand un « consensus » serait atteint.

Après plus de huit années de conflit, l’imprécision de cette déclaration donne lieu à toute sorte de rumeurs et de spéculations à Abidjan, où de nombreux habitants limitent leurs déplacements au maximim dans la crainte de violences. Car si tous les procès-verbaux sont dépouillés, il resterait plusieurs régions à valider pour en consolider les résultats. Et nul ne sait le temps que cela pourrait prendre. La CEI doit réunir une conférence de presse dans la journée, à une heure qui n’a pas été fixée. Et le couvre-feu (19h-06h) a été prorogé hier soir par décret présidentiel jusqu’à dimanche prochain.

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Annulation du vote

Le camp présidentiel réclame a minima l’annulation des « votes frauduleux » dans trois régions du nord du pays : celles des Savanes, de Denguele et du Worodougou. « Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir » pour atteindre cet objectif, a menacé hier le porte-parole de La majorité présidentielle (LMP), Pascal Affi N’Guessan. Un premier exemple de cette volonté a eu lieu mardi soir, quand des représentants de Laurent gbagbo à la CEI ont empêché physiquement Bamba Yacouba, le porte-parole de l’institution, d’annoncer les premiers résultats, prétextant un non-respect des procédures.

Comme les 72 heures prévues par la Constitution pour l’annonce des résultats provisoires par la CEI sont désormais dépassées, deux interprétations légales s’opposent. Le camp présidentiel, qui a déposé des recours en annulation de vote devant la CEI et le Conseil constitutionnel, veut que ce dernier prenne la main sur la proclamation des résultats. Mais le camp adverse, celui de Alassane Dramane Ouattara (ADO), juge que la CEI doit continuer son travail et qu’en cas d’entrave (en référence notamment à l’incident de mardi soir), c’est à elle de saisir la plus haute cour du pays.

Déclaration de guerre

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Par ailleurs, les partisans d’ADO estiment que le Conseil constitutionnel est loin d’être neutre, puisque dirigé par un proche politique de Gbagbo, Paul Yao N’Dré. « Au niveau du Conseil constitutionnel tout est encore possible », a averti Affi N’Guessan. Or c’est justement ce que redoute le camp de l’ancien Premier ministre, qui accuse le président sortant « d’être dans une logique de confiscation du pouvoir » car il aurait « perdu l’élection ».

Pour l’un des porte-parole d’ADO, Albert Mabri Toikeusse, déposer des recours avant même la publication des résultats serait « illégal ». Mais, selon des experts, le Conseil constitutionnel serait tout de même en mesure d’annuler l’ensemble du scrutin. Ce qui serait immanquablement interprété comme un acte de déclaration de guerre par le Nord, qui a soutenu massivement Alassane Ouattara au premier tour. Un scénario qui pourrait conduire à de nouvelles violences. Voire à une nouvelle partition du pays. (Avec agences)

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