Réunion polémique du Parlement des écrivains européens à Istanbul

Initié par le regretté José Saramago, le Parlement des écrivains européens s’est réuni à Istanbul pour débattre de la littérature en Europe et d’un sujet aussi controversé que la liberté d’expression.

La venue du Prix Nobel de littérature, V.S. Naipaul, est à l’origine de la controverse. © AFP

La venue du Prix Nobel de littérature, V.S. Naipaul, est à l’origine de la controverse. © AFP

Publié le 1 décembre 2010 Lecture : 2 minutes.

Une centaine d’écrivains européens se sont réunis à Istanbul du 25 au 27 novembre à l’occasion de la première rencontre du Parlement des écrivains européens. Cette rencontre de trois jours s’inscrit dans le cadre des événements qui se déroulent en Turquie tout au long de cette année célébrant Istanbul comme capitale de la culture européenne 2010. L’idée de cette rencontre avait été initiée par le Prix Nobel de littérature, le Portugais José Saramago disparu en juin dernier.

La réunion s’est ouverte sur une note discordante avec le retrait de l’écrivain britannique V.S. Naipaul qui devait prononcer l’allocution d’ouverture. Plusieurs voix s’étaient élevées parmi l’intelligentsia turque pour s’opposer à la participation de Naipaul à cet événement à cause de ses critiques véhémentes de l’islam.

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D’origine indienne, Naipaul a reçu le prix Nobel de littérature en 2000. Il s’était distingué la même année en qualifiant l’islam de « colonialisme ». Il avait écrit que cette religion « avait eu des effets calamiteux sur les personnes converties », les obligeant à rompre avec leur passé et leur histoire.

Discours de remplacement

Relayé par la presse, le débat contre la venue de Naipaul a pris une grande ampleur, avec des auteurs turcs de renom refusant de partager le forum stambouliote avec le Britannique. « Pourrons-nous s’asseoir la conscience tranquille à la même table que Naipaul ? », s’est interrogé dans un journal à grand tirage Hilmi Yavuz, poète et philosophe de premier plan.

Qualifiant l’absence du Prix Nobel britannique de « regrettable », le romancier Hari Kunzru qui a prononcé le discours d’ouverture en remplacement de Naipaul, a vivement critiqué l’intolérance dont les intellectuels turcs ont fait preuve dans toute cette affaire. « Je crois que nous aurions été plus forts et plus crédibles, a-t-il proclamé, si nous avions été capables d’accepter les opinions divergentes plutôt que d’exclure d’emblée de notre parlement tous ceux qui seraient susceptibles de froisser nos sensibilités par leurs propos. »

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Ankara et la dissidence

Kunzru a profité de cette opportunité pour fustiger également les autorités turques trop promptes à son sens à traquer et à punir les opinions dissidentes. Citant les procès qui ont été intentés par Ankara contre le romancier Orhan Pamuk et le journaliste-éditeur Hrant Dink (assassiné en 2007 par des nationalistes) sous prétexte que leur libre parole portait atteinte à la Turquie et à ses institutions. Il a demandé l’abrogation de l’article de loi 301 de la Constitution turque qui est utilisée pour restreindre la liberté d’expression.

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Au terme de cette session d’ouverture, les participants au Parlement des écrivains européens se sont répartis en douze commissions thématiques pour débattre de sujets tels que « la marchandisation des livres et de la littérature », « l’élargissement des frontières conventionnelles de la littérature sous l’effet conjugué de la mondialisation, du numérique et du multiculturalisme ». Les conclusions de ces commissions seront réunies dans « La Déclaration d’Istanbul » destinée à la presse et à la postérité.

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