Procès Bemba : la première victime de viol raconte son calvaire
Parmi les 40 témoins que le bureau du procureur de la CPI fait appeler à la barre pour témoigner contre le Congolais (RDC) Jean-Pierre Bemba, figurent de nombreuses femmes victimes de viols. Mardi, la première d’entre elle a raconté aux juges ce qu’elle a subi.
Au-delà de l’éventuelle condamnation de Jean-Pierre Bemba, jugé depuis 22 novembre devant la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et contre l’humanité, son procès aura eu au moins un mérite : libérer la parole des victimes du Mouvement de libération du Congo (MLC). Une milice congolaise (RDC) détachée entre octobre 2002 et mars 2003 en Centrafrique, où elle était venue soutenir les troupes du président Ange-Félix Patassé, en butte à une rébellion menée par le général François Bozizé. Et où elle a commis de nombreuses exactions.
La première victime de viol est ainsi venue témoigner à la barre, mardi 30 novembre. Elle fait partie des 40 témoins que le bureau du procureur de la CPI Luis Moreno-Ocampo veut présenter devant la Cour.
Brèche dans l’impunité
« Sur les six [miliciens, NDLR] qui sont entrés dans ma chambre, trois ont couché avec moi, les autres ont fouillé toute la maison », commence-t-elle.
« Aux environs de 4 ou 5 heures du matin […] ils sont entrés chez nous, on était encore en plein sommeil. Un m’a dit : "Donne-moi de l’argent !" Je lui ai dit que je n’en avais pas. […] Il m’a jetée sur le lit et a pointé l’arme sur mon cou, il a sorti un petit couteau et a arraché mon slip, il a écarté mes jambes de force et il a couché avec moi », a-t-elle poursuivi. « Lorsque celui qui couchait avec moi avait fini, il s’est relevé, un autre a couché avec moi, puis quand il avait fini, un autre… »
En toute hypothèse, la libération de la parole des victimes n’est pas la seule avancée du procès. S’il faut garder intacte la présomption d’innocence qui protège Jean-Pierre Bemba, ceux qui sont convaincus de sa culpabilité ne peuvent s’empêcher de se réjouir de le voir confronté aux victimes de ses hommes, même s’il n’était peut-être pas directement responsable de leurs agissements. Au-delà de toute condamnation, qu’un responsable se voit raconter en détail l’horreur de crimes dont il est par définition « préservé », même s’il n’en est pas tenu pour légalement responsable, n’est-ce pas aussi, un peu, une brèche dans l’impunité ? (Avec AFP)
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