Un choléra venu d’ailleurs

L’épidémie de choléra qui sévit en Haïti a bien été importée sur l’île. Une récente expertise prouve que la souche n’a pas pu se développer localement. Pour une partie de la population, les Casques bleus népalais de l’ONU n’y seraient pas étrangers…

Plus de 1 500 personnes sont déjà mortes du choléra en Haïti depuis le 19 octobre. © AFP

Plus de 1 500 personnes sont déjà mortes du choléra en Haïti depuis le 19 octobre. © AFP

Publié le 29 novembre 2010 Lecture : 2 minutes.

Voilà plus d’un mois, depuis le 19 octobre, qu’une épidémie de choléra se propage à une vitesse folle sur l’île d’Haïti. Plus de 70 000 cas déjà ont été détectés, parmi lesquels  1 640 n’ont pas survécu. Une malédiction pour le pays qui peine à se reconstruire après le séisme du mois de janvier, et qui vient d’organiser une élection présidentielle dans ce contexte chaotique.

Depuis plusieurs semaines, les rumeurs vont bon train. La maladie, qui jusqu’alors n’avait jamais touché Haïti, s’est développée dans le centre du pays. Dans la région de l’Artibonite plus précisément, en contrebas du fleuve, et non loin du camp des Casques bleus népalais de la Mission de l’ONU en Haïti (Minustah) installés dans la petite ville de Mirebalais.

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Ce qui fait penser à une partie de la population haïtienne que le choléra a été introduit par les soldats népalais, d’autant que la souche a été identifiée comme similaire à celle développée au Népal voilà quelques mois. Une hypothèse immédiatement démentie par la Minustah, qui affirme que les prélèvements effectués dans les latrines et les eaux du camp sont négatifs.

Confirmation scientifique

Mais l’analyse de l’épidémiologiste français Renaud Piarroux confirme l’idée d’une provenance extérieure à Haïti. Selon ce spécialiste, envoyé sur place par le ministère haïtien de la Santé en collaboration avec l’ambassade de France, il ne fait aucun doute que le choléra est « importé ». Ses conclusions confirment celles d’analystes de laboratoires américains, qui avaient déjà affirmé que la bactérie pouvait être rapprochée d’une souche trouvée en Asie.

L’épidémie « n’est pas liée au séisme, elle ne provient pas non plus d’une souche environnementale », a-t-il indiqué. Expliquant : « Cela a commencé dans le centre du pays. Pas au bord de la mer ni dans les camps de sinistrés (où vivent 1,3 million de personnes). L’épidémie ne peut donc être d’origine locale. »

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« Transmis par l’ingestion d’eau contaminée, le choléra peut entraîner une déshydratation sévère et rapide. La contamination est orale, d’origine fécale, et transmise par l’eau de boisson ou des aliments souillés », détaille Médecins sans frontières sur son site.

Transmission accélérée

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Mais ce qui surprend ici, c’est la fulgurante propagation du choléra, qui d’ordinaire se transmet le plus souvent d’homme à homme. Quand la transmission se fait par l’eau, il se passe plusieurs mois avant que plusieurs milliers de personnes soient touchées.

Or, « l’épidémie a explosé sur un mode extrêmement violent avec plusieurs milliers de cas et plusieurs centaines de morts en quelques jours après que de très nombreuses personnes ont bu l’eau du fleuve dans le delta de l’Artibonite », détaille le professeur Piarroux.

L’épidémie a aussi connu « une vitesse de diffusion exceptionnelle car les gens ont fui et amené en quelques jours le choléra dans de nombreuses communes à la périphérie de l’Artibonite ». Elle va continuer à s’étendre, mais avec une vitesse de propagation bien moins rapide notamment dans le sud du pays, selon M. Piarroux. Il estime que le nombre de personnes infectées pourrait atteindre 200 000. (avec agences)

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