Présidentielle : quand Blaise Compaoré fait des heures sup’ à Abidjan

La sécurisation du second tour de l’élection présidentielle et l’instauration d’un couvre-feu en Côte d’Ivoire jusqu’à mercredi prochain étaient au cœur des négociations qu’a menées hier, jusqu’à la dernière minute, le président burkinabé Blaise Compaoré, médiateur dans la crise ivoirienne. Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara s’affrontent aujourd’hui dans les urnes pour la magistrature suprême.

Publié le 28 novembre 2010 Lecture : 2 minutes.

Le président Blaise Compaoré avait initialement prévu de quitter Abidjan sur le coup des 16 heures, le samedi 27 novembre. Le médiateur de la crise ivoirienne n’a finalement regagné son pays que peu avant 23 heures, au terme d’une journée marathon où il a rencontré tous les acteurs impliqués dans le deuxième tour du scrutin. Une journée bien longue au cours de laquelle il a tenté de désamorcer la crise liée à l’instauration dans la matinée d’un décret présidentiel instituant un couvre-feu sur toute l’étendue du territoire à compter du soir même jusqu’au mercredi 1er décembre.

Le président Gbagbo a justifié sa décision par des raisons de maintien de l’ordre, l’armée l’ayant sollicité pour éviter de nouveaux affrontements entre militants des deux camps. Mais le décret a fortement irrité l’opposition qui y voit une volonté de manipuler le résultat final. L’autre finaliste de la présidentielle, Alassane Dramane Ouattara (ADO), et son allié houphouétiste Henri Konan Bédié, ont même demandé à leurs militants de braver l’interdiction nocturne.

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Tous contre Gbagbo

Peu après 17 heures, ADO est arrivé au palais présidentiel pour une série d’entretiens, dont un huis clos avec le chef du gouvernement, Guillaume Soro, le médiateur Compaoré et le président sortant-candidat Laurent Gbagbo. Tous ont tenté d’infléchir la position de ce dernier. La Commission électorale indépendante (CEI) a également demandé l’assouplissement des mesures de sécurisation pour ne pas voir son travail entravé. En vain, semble t-il, même si Blaise Compaoré a expliqué que le président ivoirien avait « une très forte disponibilité pour envisager des mesures dans ce sens-là », sans en dire plus.

Dans la journée, de nombreux heurts entre militants des deux camps et avec les forces de l’ordre ont éclaté dans différents quartiers d’Abidjan provoquant le décès d’au moins trois personnes. Afin d’éviter les débordements ce dimanche 28 novembre, les deux finalistes ont finalement lancé un appel au calme lu par le Premier ministre : « Nous demandons  à tous nos électeurs et nos militants de s`abstenir de tout acte d`agression sur les personnes et les biens ainsi que sur le matériel électoral, en vue de permettre l`organisation du scrutin dans un climat apaisé nécessaire à des élections transparentes ».

Et le président Gbagbo de finir par donner une franche accolade à son rival, en le taquinant au passage : « Il [ADO, NDLR] est en train de me dire qu’il m’appellera pour me féliciter de ma réélection », a-t-il lancé, dans un grand éclat de rire, à l’attention des journalistes. Le sourire aux lèvres, ADO s’est empressé de rectifier en affirmant que c’était le contraire… Les 5,7 millions d’Ivoiriens qui sont  appelés aux urnes dimanche donneront raison à l’un… ou à l’autre.

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