ONU-Habitat : les menaces s’accumulent sur les villes africaines
Dans un rapport détaillé de plus de 250 pages, riche en cartes et statistiques, ONU-Habitat dresse un bilan inquiétant sur l’état des villes africaines. Et dénonce « l’urbanisation continue de la pauvreté ».
Le constat est accablant. « En 2050, 1,23 milliard d’Africains vivront en ville, soit 60 % de la population du continent contre 40 % en 2009 » ; « avec une population de 12,4 millions d’habitants, Lagos, la capitale économique du Nigéria, deviendra dans cinq ans la ville la plus peuplée de l’Afrique, dépassant le Caire » ; « c’est l’Afrique subsaharienne qui compte les plus grands bidonvilles du monde en terme de nombre d’habitants ». Tels sont quelques-uns des enseignements tirés du rapport 2010 d’ONU-Habitat, intitulé « L’État des Villes Africaines : Gouvernance, inégalité et marchés fonciers », publié le 23 novembre.
Ce rapport est le second du genre que publie l’agence onusienne. Il comporte un double objectif. Premièrement, jeter un éclairage utile sur l’évolution démographique accélérée des villes africaines, avec à l’appui des données récentes et des projections de croissance. Et, en second lieu, orienter la politique d’urbanisation sur le continent pour qu’elle soit en prise avec la réalité démographique. Car, comme l’affirme Achim Steiner, le directeur général du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) qui est l’un des deux préfaciers de l’étude : « Un urbanisme défaillant reste le talon d’Achille de bien des villes d’Afrique, ce qui empêche à la fois une croissance durable et un cadre de vie sain pour les populations urbaines en pleine expansion. »
Conséquences du laisser-faire
Les deux premières parties introductives du rapport sont suivies de chapitres qui se concentrent sur les tendances et les spécificités de l’évolution des villes dans les cinq grandes sous-régions d’Afrique : Nord, Ouest, Centre, Est et Sud. Chaque région est analysée sous des angles divers qui vont de la géographie sociale à l’environnement et au changement climatique, en passant par l’économie, les marchés et les nouvelles tendances.
Deux grandes lignes se dégagent de l’étude. D’abord, l’Afrique est la région du monde où l’urbanisation de la population est aujourd’hui la plus rapide. En témoigne l’ampleur annoncée de la croissance démographique de villes comme Lagos (14,2 millions d’habitants à l’horizon 2020), Kinshasa (12,8 millions), le Caire (12,5 millions) ou Luanda (7,1 millions). Par ailleurs, l’attitude de laisser-faire des gouvernements face à ces expansions accélérées a conduit à des situations inégalitaires et non viables, faisant peser des menaces à long terme sur la stabilité des pays tout entiers.
Pour faire face à ces carences, les auteurs du rapport appellent les gouvernements africains à retrouver sans tarder la maîtrise du développement de leurs villes à travers des politiques publiques d’investissement dans les infrastructures de base, les services sociaux et l’habitat bon marché. « Sans cela, les villes africaines ne pourront plus jouer le rôle important qui leur revient dans la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement [OMD] », avertit le directeur général de l’ONU-Habitat, Jan Clos.
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