Présidentielle : trois candidats dans la dernière ligne droite

Haïti était vendredi dans son dernier jour de campagne avant les élections générales de dimanche. Trois candidats aux styles totalement opposés, dont une femme, sont en tête des sondages pour la présidentielle.

Un Haïtien passe devant des affiches électorales à Port-au-Prince le 24 novembre 2010. © AFP

Un Haïtien passe devant des affiches électorales à Port-au-Prince le 24 novembre 2010. © AFP

Publié le 27 novembre 2010 Lecture : 3 minutes.

La tension monte à Port-au-Prince, la capitale haïtienne. Vendredi, à minuit, la campagne électorale s’achèvait, trente heures avant le premier tour des élections présidentielle, législatives et sénatoriales. Après avoir parcouru le pays, les favoris concentrent leurs derniers efforts sur la capitale, principal foyer électoral. Jude Célestin et Michel Martelly, deux des trois candidats donnés en tête des sondages depuis deux mois, ont chacun organisé un meeting dans les faubourgs de la ville.

Fidèle à son habitude depuis le début de la campagne, Célestin, le candidat du président sortant, René Préval, a encore sorti les grands moyens, jeudi 25 novembre, lors d’un meeting à haut risque près de l’aéroport : avions survolant la capitale tirant des banderoles de campagne et lâchant des tracts dans les rues ; DJ, chanteurs et « ambianceurs » pour faire patienter une foule électrique; et certainement, quelques billets pour attirer les nombreux jeunes, dont certains n’avaient pas bu que de l’eau.

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Distribution à tout-va

Ce n’est un secret pour personne dans le pays : Célestin dispose de moyens considérables et distribue à tout-va. Ses collaborateurs, pourtant, contestent. « Jamais nous n’avons tenté d’acheter des voix. De toute manière, ça ne servirait à rien. Personne ne peut savoir ce que les gens font dans l’isoloir », rétorque l’un d’eux. Pour un journaliste local, cette tactique serait en outre loin d’être payante. « C’est trop pour les gens. Ça les dégoûte. »

Des supporteurs de Jude Celestin rassemblés à un meeting à Port-au-Prince le 25 novembre 2010.

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© AFP

« C’est du gaspillage », confirme Johnny, un des innombrables conducteurs de taxi-motos de la capitale. De fait, Célestin stagne dans les sondages depuis un mois, autour de 20 %, quand ses principaux concurrents, Mirlande Manigat et Michel Martelly, eux, gagnent des points. Ce dernier a fait son show, jeudi, sur la place du Champs de Mars, à deux pas du palais présidentiel qui gît dans l’état qui était le sien le 13 janvier, et au milieu d’un des plus grands camps du pays, où se massent près de 25 000 personnes. Le chanteur au crâne luisant, dont les discours populistes teintés d’humour ont un succès fou, se situe, selon le dernier sondage divulgué en milieu de semaine, en troisième position avec 14 % des intentions de vote. « Il plaît beaucoup, aux jeunes notamment », analyse un observateur indépendant. Mais pour beaucoup, comme l’explique René, un commerçant, « Martelly n’est pas assez sérieux pour devenir président ».

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« L’argent est là »

Quelques minutes durant, jeudi en début d’après-midi, on a cru que ses partisans allaient jouer des poings avec ceux de Célestin. Mais leur cortège, parti du quartier de Pétionville (relativement épargné par le séisme du 12 janvier) en direction du Champs de Mars, a finalement pris un autre itinéraire, permettant à des policiers sur les dents de souffler. Martelly, qui promet la gratuité de l’éducation et des soins s’il est élu et assure que « l’argent est là », a pris un malin plaisir à se moquer de ses adversaires. Il faut dire qu’il n’est pas maladroit dans le genre « tribun ».

Mirlande Manigat à Haïti le 24 novembre 2010.

© AFP

On ne peut pas en dire autant de Mirlande Manigat. L’universitaire qui ne va jamais à ses meetings sans un foulard sur la tête, n’est pas très à l’aise en public. Parfois, elle essaye de haranguer la foule, mais elle laisse plus souvent faire ses compagnons de lutte. Cela ne l’empêche pas de caracoler en tête des sondages, avec 36 % des intentions de vote (contre 30 % lors de la précédente enquête).

Martelly comme Célestin dénoncent « des sondages mensongers » et assurent qu’ils arriveront en tête. « C’est peu probable, même si on ne sait jamais ce qui peut se passer un jour de vote en Haïti », estime le journaliste Pierre Gotson. Une chose est sûre : on se dirige vers un second tour. Et ce serait une première dans le pays.

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