Biens mal acquis : Paul Biya rejette en bloc les accusations
Visé par une plainte sur de présumés biens mal acquis en France, le président camerounais nie posséder des avoirs à l’étranger et refuse de rendre des comptes ailleurs qu’au Cameroun.
Un patrimoine en France ? Quel patrimoine ? Le président camerounais Paul Biya ne se sent absolument pas concerné par une plainte déposée à Paris contre lui pour « recel de détournements de fonds publics » par une association camerounaise. Paul Biya « qui a fait de la rigueur et de la moralisation des comportements le socle de sa politique depuis son accession à la magistrature suprême, le 06 novembre 1982, ne dispose pas de patrimoine en France ou ailleurs », a déclaré le directeur de son cabinet civil, Martin Belinga Eboutou.
Et, il « n’a pas à répondre » devant la justice française qui a ouvert une enquête préliminaire, ont affirmé jeudi 25 novembre les autorités du pays.
Le porte-parole du gouvernement, Issa Tchiroma Bakary, a lui aussi réagi jeudi matin, affirmant : « Le président de la République du Cameroun n’est comptable que devant son peuple… Il n’a pas à répondre à ces accusations » en France.
Lutte contre la corruption
Les autorités ont expliqué que c’était par les médias camerounais que la présidence avait appris « l’ouverture la semaine dernière par le parquet de Paris d’une enquête préliminaire ». L’association Union pour une diaspora active (UDA) a déposé plainte le 2 novembre ; elle accuse le président camerounais de s’être constitué un important patrimoine en France, financé par des détournements de fonds publics.
L’UDA est présidée par Célestin Djamen, également membre du Social Democratic Front (SDF), principal parti d’opposition au Cameroun. L’association est membre aussi du Conseil des Camerounais de la diaspora (CCD), collectif à l’origine d’une plainte similaire en février classée sans suite par le parquet de Paris.
Jean-Bosco Talla, journaliste et secrétaire général de Coalition for Transparency – regroupement d’associations camerounaises de lutte contre la corruption – a salué l’ouverture de l’enquête préliminaire et souhaité que « la vérité triomphe sur les avoirs de Paul Biya ».
Calcul électoral ?
Martin Belinga Eboutou a indiqué que le Cameroun attendait les résultats de l’enquête et se réservait « l’usage des moyens de droit contre les auteurs présumés de cette action » en justice.
Il a par ailleurs qualifié les plaignants de « Camerounais en mal de notoriété », de personnes voulant « ternir l’image du Cameroun » ou désirant postuler pour l’élection présidentielle.
Le président Biya n’a pas encore révélé ses intentions pour le scrutin présidentiel qui devrait avoir lieu en octobre 2011, mais il devrait se présenter pour sa propre succession.
D’autres plaintes ont été déposées par différentes associations, locales ou internationales, contre des dirigeants africains pour biens mal acquis présumés. Transparency International-France s’est notamment constituée partie civile contre les présidents Denis Sassou Nguesso du Congo, Teodoro Obiang Nguema de Guinée équatoriale et Omar Bongo Ondimba du Gabon, décédé en juin 2009. (avec AFP)
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