Pour sa première opération 24 heures à…, France Culture n’a pas choisi la destination la plus aisée. Depuis quelques jours, une bonne partie de la rédaction et des techniciens de la radio française sont à l’œuvre en Haïti : vendredi 26 novembre, à partir de 6 heures (heure française), et jusqu’au lendemain (7 heures), l’ensemble des émissions de la station « la plus intelligente » du groupe Radio France seront consacrées à la situation politique, sociale mais aussi (surtout) culturelle de l’île la plus africaine du continent américain.

Dans un contexte délicat – une reconstruction difficile plus de onze mois après le séisme du 12 janvier qui a causé la mort d’environ 250 000 personnes ; une campagne électorale tendue ; une épidémie de choléra inquiétante -, un grand nombre d’émissions et les journaux seront présentés en direct de Port-au-Prince. Deux studios sont aménagés pour l’occasion dans un hôtel de la capitale, et deux émissions seront enregistrées en public. Au menu : les programmes habituels qui évoqueront, avec des invités haïtiens, l’histoire, la culture, la société haïtiennes, ainsi que des émissions exceptionnelles, dont une consacrée au rôle des médias dans la société, et une autre au grand melting pot religieux de l’île.

Les reportages seront essentiellement réalisés sur place. Enfin, une soirée spéciale, animée par Alexandre Héraud et Esméralda Milcé, présentatrice à la télévision nationale haïtienne, sera consacrée au patrimoine et à la culture de l’île caraïbe. Les journalistes locaux seront appelés à collaborer avec la rédaction de France Culture. L’un d’eux sera notamment chargé de faire une revue de presse internationale à partir des journaux distribués à Port-au-Prince.

Vision originale

Parmi les rendez-vous à ne pas manquer, on notera La fabrique de l’histoire qui évoquera la révolution de 1804 (9h), La Grande table (12h), le documentaire Sur les docks (17h) et la ligne ouverte, qui donnera la parole aux auditeurs de tous horizons (de minuit à 2h).

Initiée par son nouveau directeur, Olivier Poivre d’Arvor, à la tête de France Culture depuis le mois de septembre, cette opération répondra à l’essence de la station : une vision originale, approfondie et sensible – qui donnera d’Haïti certainement autre chose à découvrir que ce que l’on peut entendre ou voir depuis plusieurs mois dans les médias. « La question culturelle sera centrale. On peut expliquer la plupart des conflits à travers cette question », estime Olivier Poivre d’Arvor.

Pour ce dernier, il était important de se rendre en Haïti à la veille de l’élection présidentielle (dimanche 28 novembre), « dans un moment important pour les Haïtiens », avant que « tous les journalistes du monde ne s’y précipitent » en janvier prochain, à l’occasion du premier anniversaire du séisme.

Cette première servira en outre de test pour la radio. Son directeur envisage de reproduire « sept à huit fois par an » ce genre de délocalisation. La prochaine se fera dans le département de Seine-Saint-Denis, en France, en décembre. En 2011, France Culture devrait se rendre à Beyrouth, pour évoquer la francophonie notamment, et à Athènes, un an après le début de la crise grecque. Très attaché au continent africain, Olivier Poivre d’Arvor compte bien lui donner une plus grande place. Un 24 heures à… est d’ores et déjà envisagé au Sénégal, lors de la prochaine élection présidentielle, en 2012.

24 heures en Haïti, à écouter en direct sur France Culture. À lire également sur ce site, un dossier spécial consacré à Haïti.