Dérapage d’Hortefeux : les aveux gênants d’un militant

Amine Benalia-Brouch est au centre de toute l’affaire. Il est l’objet et la victime d’une phrase malheureuse de Brice Hortefeux, prononcée un jour d’été à Seignosse. Il raconte sa vérité et avoue ses mensonges dans un livre.

Capture d’écran montrant Amine Benalia-Brouch et Brice Hortefeux, à Seignosse en août 2009. © D.R.

Capture d’écran montrant Amine Benalia-Brouch et Brice Hortefeux, à Seignosse en août 2009. © D.R.

Publié le 24 novembre 2010 Lecture : 3 minutes.

Plus d’un an après, la petite phrase de Brice Hortefeux retentit encore. « Quand il y en a un, ça va. C’est quand il y en a plusieurs qu’il y a des problèmes. » Une réplique en forme de « boutade », que le ministre de l’Intérieur avait lancée lors de l’université d’été de l’UMP, dans les Landes en août 2009. Il était alors entouré de plusieurs militants, dont Amine Benalia-Brouch, qu’une femme venait de présenter en ces termes : « C’est notre petit Arabe. » Et Hortefeux d’enchaîner avec les propos sus-évoqués. Sans savoir qu’il était filmé et enregistré. Sans se douter que ses propos seraient, dès le lendemain, repris en boucle dans la presse et qualifiés de racistes et d’injurieux.

Le plus surprenant est  ensuite venu d’Amine Benalia-Brouch, puisqu’il a en personne pris la défense du « premier flic de France » dans une vidéo de trente secondes dans laquelle il affirme : « On parlait entre amis, entre sympathisants, entre militants UMP. » Il dit qu’il n’est pas choqué et reprend la version officielle qui circule déjà : « Brice Hortefeux parlait en fait des Auvergnats [le ministre l’est], pas des militants d’origine maghrébine. »

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Personne n’avait alors vraiment cru à cette (grotesque) version de l’affaire. Aujourd’hui, Amine avoue avoir « menti », et avoir été téléguidé pour couvrir Brice Hortefeux.

En dépit de quoi ce dernier a tout de même été jugé, après une plainte déposée par le Mrap, et condamné pour injure raciale. Il a fait appel du jugement.

Du sarkozysme au villepinisme

Dans un livre à paraître le 24 novembre intitulé Confessions d’un sarkozyste repenti, celui qui a aujourd’hui rendu sa carte de l’UMP et rejoint les rangs des villepinistes révèle les tenants et les aboutissants de cette affaire.  « C’est un livre pour raconter ce que j’ai vécu pendant un an. C’est juste une mise au point avec ma dignité car je n’étais plus moi-même. Je le dis très clairement : j’ai menti », s’explique-t-il dans Sud-Ouest. Selon lui, c’est Marie Aphatie, la secrétaire départementale UMP des Landes, qui a fabriqué l’histoire de l’ « Auvergnat ».

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Une initiative qu’aurait saluée Brice Hortefeux, en déclarant à Amine Benalia-Brouch, lors d’une audience quelques jours plus tard : « Vous avez bien fait de parler des Auvergnats, je n’y aurai pas pensé. » Ils se reverront peu avant le procès intenté par le Mrap. « Monsieur le ministre je ne pense pas qu’un juge prendrait le risque de vous condamner », lui dit alors Amine. « Et il m’a dit “Vous savez Monsieur Benalia, là où il y a justice il y a danger”. »

“Calmer la polémique”

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Le jeune homme révèle également que c’est Edouard Courtial, secrétaire national aux fédérations, qui l’aurait appelé pour lui commander la fameuse vidéo dédouanant le ministre, lui expliquant que cela aiderait à « calmer la polémique ».

Une stratégie qui coûtera à Amine sa tranquillité. Depuis un an, il dit vivre dans la peur. Il a reçu des menaces de mort et rencontre des difficultés à trouver un emploi… Avec la parution de son livre, il espère faire table rase du passé. Cette publication risque surtout d’alimenter de nouveau la polémique et de mettre en difficulté Brice Hortefeux, reconduit dans ses fonctions lors du dernier remaniement ministériel.

Et si la date du procès en appel du ministre contre le Mrap n’est pas encore fixée, Amine Benalia-Brouch a déjà fait connaître son intention d’y assister.

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