Jean-Pierre Raffarin à Alger pour sceller la réconciliation
L’émissaire de Nicolas Sarkozy en Algérie l’affirme : les deux pays s’engagent vers une relation sereine et un partenariat économique réfléchi.
Le temps des relations glaciales entre la France et l’Algérie semble révolu. Et ce n’est pas Jean-Pierre Raffarin qui dira le contraire, qui a été nommé « Monsieur Algérie » (selon les mots des Algériens eux-mêmes) de Nicolas Sarkozy le 2 septembre dernier. En visite à Alger ce mercredi 24 novembre, il va devoir entériner un nouveau rapport de confiance et de coopération économique entre les deux États.
En signe de détente, l’ancien Premier ministre français a fait savoir, dans une interview accordée à Liberté, que Paris acceptait de jouer le jeu d’Alger. Nouveau mot d’ordre : « progresser de manière « pragmatique » et « résolue ». En acceptant, par exemple, les nouvelles règles imposées par le gouvernement algérien, qui a durci sa politique économique en matière d’investissements étrangers. Désormais, chaque investisseur français doit s’associer à un partenaire algérien (participant à hauteur de 51 %). Par ailleurs, une part des bénéfices dégagés doivent être réinvestis directement en Algérie. Des conditions contraignantes, naguère dénoncées par Paris comme des « contraintes » frisant le « protectionnisme ».
Dégel
Le ton a changé. Jean-Pierre Raffarin a déclaré à Liberté comprendre ces nouvelles règles décidées ces derniers 18 mois comme un moyen pour l’Algérie de « développer davantage son outil de production » et de « ménager l’avenir ».
La détente est donc bien amorcée entre les deux pays. En témoignent les récents accords passés entre Paris et Alger sur trois projets d’investissement français. Le géant du nucléaire et du ferroviaire français Alstom va monter et assembler des tramways en partenariat avec Ferrovial et Metro d’Alger ; une raffinerie de sucre devrait être construite par Cristal Union à Bourmerdès ; Sanofi-Aventis s’apprête à développer une usine pharmaceutique. Enfin, Axa va pouvoir effectuer son grand retour en Algérie, après plusieurs années de tension.
Au mois d’octobre, Michèle-Alliot Marie (MAM) a rencontré le président Abdelaziz Bouteflika. À l’issue de leur entretien, il a déclaré en public que « les relations […] se portent bien » entre les deux pays. La visite de la ministre de la Justice avait suivi de près celle d’Anne-Marie Idrac, la secrétaire d’État chargée du Commerce extérieur. Et en faisant passer MAM au ministère des Affaires étrangères à la faveur du dernier remaniement ministériel, Nicolas Sarkozy a adressé un signal fort à son partenaire. La ministre est appréciée en Algérie, où elle s’est rendue à plusieurs reprises à la tête de différents ministères.
Lâcher du lest
Cette embellie sur le plan économique s’explique en grande partie par le lest lâché par Paris sur différents dossiers qui ces dernières années avaient fâché Alger.
La cour d’appel de Paris a notamment accordé fin août un non-lieu au diplomate algérien Mohamed Ziane Hasseni, qui avait été mis en examen puis témoin assisté dans l’affaire de l’assassinat de l’opposant Ali Mecili.
Cependant, Alger n’apprécie guère le soutien apporté par Paris au plan d’autonomie que le Maroc voudrait accorder au Sahara occidental. Elle soutient en effet la position du Polisario, favorable à l’indépendance totale.
Par ailleurs, les relations s’étaient fortement tendues entre la France et son ancienne colonie lorsque la première avait inscrite la seconde sur une liste de pays à risque en matière de transport aérien.
Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères avant d’être remplacé par MAM, n’avait pas beaucoup aidé, en multipliant les maladresses. Aujourd’hui, les conditions diplomatiques, judiciaires et économiques semblent réunies pour aller vers un véritable dégel.
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