Rhétorique de combat pour Gbagbo et Ouattara

Alors que les violences se multiplient dans les rues d’Abidjan, la tournure agressive que prennent les propos des deux candidats Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara dans la campagne du second tour de l’élection présidentielle du 28 novembre n’est pas rassurante pour la tenue pacifique du scrutin.

Entre ADO et Gbagbo, ici à Yamoussoukro en juillet, c’est désormais le temps du pugilat. © AFP

Entre ADO et Gbagbo, ici à Yamoussoukro en juillet, c’est désormais le temps du pugilat. © AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 24 novembre 2010 Lecture : 2 minutes.

Les temps sont électriques en terre d’Eburnie, où les formules assassines des politiciens fleurissent plus vite que n’éclatent les orages à la saison des pluies. Et c’est un véritable cyclone que redoutent désormais de nombreux Ivoiriens à l’approche du second tour de l’élection présidentielle. Les propos des deux candidats finalistes, Laurent Gbagbo et Alassane Dramane Ouattara, n’ont, en effet, rien de rassurant.

« Le serpent n’est pas encore mort, ne laissez pas tomber votre bâton », a lancé de sa voix sourde l’actuel chef de l’État à propos de son rival lors d’un meeting tenu samedi dernier. Une phrase aux allures de proverbe qui semblait approuver et même encourager les violences perpétrées la veille par des militants de la Fédération étudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci) au siège de l’opposition, à Cocody. « Tant qu’il y aura des nuages sur la Côte d’Ivoire, je serai debout […] Je n’accepterai pas et je n’accepterai jamais [que Ouattara accède au pouvoir, NDLR] », a ajouté, fair-play, Laurent Gbagbo.

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Dérives verbales

Mais la réplique n’a pas tardé, lors d’un meeting tenu par Ado à Abidjan. « C’est toi, Laurent Gbagbo, qui as amené la violence à la politique […] c’est par un coup d’État que tu es au pouvoir », a répondu le candidat du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), dans une claire allusion aux manifestations de rue qui avaient permis à Gbagbo d’accéder à la présidence après l’élection contestée de l’an 2000.

« Ces dérives verbales de la part des deux leaders ne nous rassurent pas. Ce sont des propos de nature à diviser les Ivoiriens et à favoriser la violence », estime Patrick N’Gouan, président de la Convention de la société civile ivoirienne.

Rengaines xénophobes

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« Qui veut encore la guerre ? », titrait mardi le quotidien Nord-Sud, qui dénonce les dérapages de la campagne électorale et fait observer à juste titre que les accusations mutuelles sur les responsabilités de la crise ne serviront pas à la régler. En d’autres termes le « c’est pas moi, c’est lui ! », ne fera pas avancer la Côte d’ivoire. D’autant que les vieilles rengaines xénophobes sont ressorties du placard pour l’occasion. Retour en arrière ? Las, l’ivoirité n’est pas un concept aussi démodé qu’on le pensait…

« Il y a deux types de candidats », a martelé Gbagbo à chaque meeting ou presque. « Un candidat pour la Côte d’Ivoire et un candidat pour l’étranger. » Le genre de propos qui laissent croire que, pour lui, Ouattara n’est pas un Ivoirien de souche, mais qu’il est originaire du Burkina Faso voisin, et qu’il est vendu à la solde d’intérêts étrangers – comprendre la France…

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Mais le camp Gbagbo ne se contente pas de mots. Le Front populaire ivoirien (FPI) fait également circuler dans la capitale économique des vidéos qui laisseraient entendre que Ouattara aurait été de mèche avec les chefs de la rébellion de 2002. « La Côte d’Ivoire est fatiguée des mensonges », répond simplement Ouattara. Pour l’instant… (Avec agences)

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