Mort du Monsieur Sécurité de Paul Biya dans le crash d’un hélicoptère
L’homme de confiance de Paul Biya en matière de sécurité, le colonel Abraham Avi Sivan, s’est tué dans un accident d’hélicoptère dont les causes sont encore mystérieuses.
Le colonel Abraham Avi Sivan, commandant du Bataillon rapide d’intervention (BIR), s’est tué dans le crash d’un hélicoptère de l’armée camerounaise, le 22 novembre. Les raisons de l’accident sont pour l’heure inexpliquée. L’épave de l’appareil, de type indéterminé, a été retrouvée dans la brousse, à 15 km à vol d’oiseau de Yaoundé. Il serait parti d’une base militaire de Limbé (60 km à l’ouest de Douala) avec à son bord cinq personnes.
Ancien officier supérieur retraité de l’armée israélienne, Avi Sivan a d’abord travaillé comme attaché de défense à la mission diplomatique israélienne au Cameroun. Arrivé en fin de séjour, il s’est établi à Yaoundé, où il a mis ses compétences au service du chef de l’État camerounais.
Sa première mission a été de former le Bataillon léger d’infanterie (BLI), unité d’élite chargée de combattre le grand banditisme et les « coupeurs de route » dans le nord du pays. Les déconvenues de l’armée régulière face aux nouvelles formes de criminalité poussent alors le pouvoir à transformer le très efficace BLI en Bataillon rapide d’intervention (BIR).
Méthodes expéditives
Les missions de Sivan sont élargies à l’ensemble du territoire. Il dispose de soldats spécialement entraînés, est doté de crédits considérables et d’un armement de pointe. Ses méthodes sont jugées « expéditives » mais les autorités se félicitent de ses résultats en matière de sécurité.
Un de ses contingents, le BIR-Delta, est déployé depuis 2009 dans la péninsule de Bakassi (Sud-ouest) pour la sécurisation de cette région marécageuse de 1 000 km2, difficile d’accès mais riche en pétrole et gaz, où se sont multipliés attaques en mer et enlèvements attribués par les autorités à des « pirates ». Par ailleurs, des soldats de cette unité sont intervenus dans la crise provoquée par les émeutes de 2008, en sécurisant la capitale.
L’influence de l’Israélien s’est accrue après le décès en 2007 de son « officier traitant », le général Blaise Bénaé Mpecké, chef d’état-major particulier du président de la République. L’homme de confiance du chef ayant disparu, Avi Sivan en profite pour se rendre indispensable au point de prendre le contrôle de la Garde présidentielle (GP).
Soldat-business man
L’ascension du « contractuel » irrite dans les casernes de l’armée. Mais les troupes sont divisées. Certains critiquent le « mercenaire » payé au prix fort, tandis que d’autres sont admiratifs du « grand professionnel » aux résultats probants. Méfiant à l’égard des militaires camerounais, Paul Biya lui garde sa confiance. Mais dans les cercles diplomatiques, Sivan agace pour son affairisme.
Les européens n’appréciaient pas ce soldat-business man qui avait la haute main sur les juteux marchés de l’armement. Son profil de Monsieur Sécurité est à l’origine de soupçons à l’égard de Ringo, sa petite entreprise de fourniture d’accès à Internet. Revendiquant 30 000 abonnés, la société basée à Yaoundé ne s’est pourtant jamais rendue coupable d’infraction dans le domaine de la protection des données personnelles de ses abonnés.
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