CPI : Jean-Pierre Bemba enfin devant ses juges
Le procès de Jean-Pierre Bemba, arrêté à Bruxelles il y a plus de deux ans, doit commencer à La Haye ce lundi 22 novembre devant la CPI. Il est accusé de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre que ses miliciens auraient commis en Centrafrique en 2002 et 2003.
C’est le troisième procès de la Cour pénale internationale (CPI). Et c’est aussi le troisième procès d’un ressortissant de République démocratique du Congo (RDC). Ce lundi 22 novembre, Jean-Pierre Bemba rejoint Thomas Lubanga Dyilo, Germain Katanga et Mathieu Ngudjolo Chui dans le box des accusés.
Certains observateurs interprètent le fait que seuls des Africains soient pour l’instant jugés par cette cour comme le signe de l’instrumentalisation politique de la CPI et la preuve que celle-ci s’est rangée au service d’intérêts néo-coloniaux. Mais les victimes n’en attendent pas moins ce jour avec impatience depuis des années. Pour commencer à mettre un terme à leur calvaire et à l’impunité qui règne depuis trop longtemps dans l’ex-Zaïre.
La procédure, on s’en souvient, a été lancée par des Africains. Jean-Pierre Bemba avait fui la RDC en 2007 et avait été arrêté le 24 mai 2008 à Bruxelles par les autorités belges en vertu d’un mandat d’arrêt de la CPI qui avait été saisie en 2004 par François Bozizé, au pouvoir en Centrafrique depuis 2003. Et la CPI est le premier tribunal international qui permet la participation effective des victimes, lesquelles peuvent demander réparation.
Responsabilité indirecte
« C’est la première fois dans l’histoire de la justice internationale qu’un chef militaire est jugé au titre de sa responsabilité indirecte pour des viols commis par ses hommes », affirme le bureau du procureur controversé de la CPI, Luis Moreno-Ocampo.
Le sénateur Bemba, 48 ans, est accusé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité qui auraient été perpétrés par des membres de sa milice, le Mouvement de libération du Congo (MLC), lorsque ceux-ci avaient été appelés à la rescousse par le président centrafricain Ange-Félix Patassé, victime d’une tentative de coup d’État en 2002-2003.
Les quelque 1 500 hommes du MLC envoyés sur place se seraient alors livrés à un exercice tristement classique dans la région des Grands lacs : viols, pillages et meurtres. La population civile centrafricaine a vécu le martyre durant cinq mois, entre octobre 2002 et mars 2003.
Viols contre des personnes de 8 à 70 ans
« Lorsque les troupes de Bemba ont achevé la conquête des zones occupées par les rebelles, des petits groupes de 2 à 4 soldats ont été constitués : ils sont allés de maison en maison, violant, pillant et tuant ceux qui opposaient une résistance », a affirmé Moreno-Ocampo. L’accusation a recensé quelque 400 viols à Bangui et 35 victimes seulement ont été autorisées à participer à la procédure alors que environ 1 200 demandes restent encore à être examinées par la CPI.
Ceux qui affirment avoir été violés ont de 8 à 70 ans. « Ce sont des femmes, des hommes, des enfants et des personnes âgées », explique Paolina Massidda, responsable du Bureau du conseil public pour les victimes. « Le viol est une arme de guerre : il sert à humilier les femmes et ceux susceptibles d’exercer des responsabilité au sein de leur communauté », affirme le bureau du procureur.
Le procès devra déterminer si, comme l’affirme l’accusation, Jean-Pierre Bemba « était la seule autorité décisionnaire qui exerçait un contrôle sur toutes les questions militaires du MLC ». Ou si, au contraire, le contingent du MLC « a combattu avec l’uniforme et sous le drapeau centrafricain », affirme un avocat de la défense de Bemba, Aimé Kilolo. « Ce sont les autorités centrafricaines qui avaient en charge le commandement effectif et la discipline », ajoute-t-il. Jugement dans quelques mois. (Avec AFP)
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