Présidentielle : Gbagbo et Ouattara durcissent le ton
Les deux rivaux du second tour de la présidentielle ivoirienne le 28 novembre, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, ont nettement durci le ton samedi à l’ouverture de la campagne, en s’accusant mutuellement des graves troubles qu’a traversés le pays depuis une décennie.
Ce changement de ton survient au lendemain d’échauffourées à Abidjan entre des partisans du président Gbagbo et de l’ex-Premier ministre Ouattara, les premières de cette importance au cours de ces semaines de joute électorale. Elles ont fait une vingtaine de blessés, dont deux policiers, selon la police.
Pour ce scrutin six fois reporté depuis la fin du mandat de M. Gbagbo en 2005, la campagne du premier tour le 31 octobre s’était déroulée sans incident majeur, et les discours étaient restés relativement mesurés.
Mais samedi les deux finalistes n’ont pas pris de gants pour interpeller l’adversaire, au grand plaisir de milliers de partisans réunis pour leurs meetings.
"Je n’accepterai jamais" lance Gbagbo
A Agboville (80 km au nord d’Abidjan), l’un de ses fiefs, le président sortant a accusé – comme il l’avait fait la veille pour la première fois aussi explicitement – son concurrent d’être responsable de la "violence politique" dans le pays depuis une décennie.
"C’est mon adversaire qui a fait le coup d’Etat" de 1999 et la "tentative de coup d’Etat" de 2002 "qui s’est transformée en rébellion", a-t-il assuré.
Pour lui, "cette élection est tout un symbole. C’est le jour contre la nuit, c’est le bien contre le mal", "une vraie bataille entre les démocrates et les putschistes".
"On ne peut pas livrer votre pays à des êtres violents. Je n’accepte pas, je n’accepterai pas, je n’accepterai jamais!", a prévenu M. Gbagbo sous les hourras.
Bédié aux côtés de Ouattara
A distance et au même moment, M. Ouattara lui a répliqué en des termes inhabituellement durs, lors d’un rassemblement dans un stade d’Abidjan.
"C’est toi, Laurent Gbagbo, qui as amené la violence à la politique en Côte d’Ivoire!", a-t-il lancé, le mettant "en garde" contre les "mensonges".
"C’est le FPI (Front populaire ivoirien, parti présidentiel) qui a assassiné le général Robert Guéï", chef de la junte militaire au pouvoir de 1999 à 2000 et qui fut tué aux premières heures du coup d’Etat de 2002, a-t-il affirmé.
"Tout ce que tu as su faire a été de diviser les Ivoiriens, d’amener la guerre à la Côte d’Ivoire et piller les ressources avec une tribu et un clan", a-t-il encore accusé sous les applaudissements de ses sympathisants.
L’ex-chef du gouvernement était au côté de l’ancien président Henri Konan Bédié, son principal allié du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP). Arrivé 3e au premier tour avec 25% des voix, M. Bédié fait figure de "faiseur de roi".
Les deux finalistes ont mené d’impressionnantes opérations de séduction en direction de l’importante ethnie baoulé, qui constitue le gros de son électorat, en multipliant les rencontres avec des chefs traditionnels de cette communauté.
Si le RHDP assure de la solidité de son union et que ses candidats ont totalisé environ 60% au premier tour, le report des voix reste une inconnue.
Avant de s’allier en 2005, MM. Bédié et Ouattara s’étaient farouchement affrontés à partir du milieu des années 1990. Le camp Bédié avait développé le concept nationaliste d’"ivoirité" contre l’ex-Premier ministre, accusé d’être "étranger" par ses détracteurs, et exclu du scrutin de 2000 pour "nationalité douteuse".
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