Abdelmalek Droukdel : « Il faut négocier directement avec Ben Laden »

L’émir d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Abdelmalek Droukdel, a expliqué la marche à suivre pour obtenir la libération de cinq des sept otages enlevés en septembre à Arlit (Niger). La France va devoir négocier avec Oussama ben Laden en personne son retrait d’Afghanistan si elle veut revoir ses ressortissants en vie.

Abdelmalek Droukdel (ici à droite), en compagnie de ses hommes. © New-York Times

Abdelmalek Droukdel (ici à droite), en compagnie de ses hommes. © New-York Times

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 19 novembre 2010 Lecture : 2 minutes.

Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) n’a jamais aussi bien porté son nom. Dans un enregistrement audio diffusé jeudi soir sur la chaîne de télévision qatarie Al-Jazira, le groupe terroriste exige que la France négocie directement avec Oussama ben Laden son retrait d’Afghanistan en échange de la libération des cinq otages français enlevés à Arlit (Niger) dans la nuit du 15 au 16 septembre, et détenus quelque part dans la zone des Monts Timétrine, au Nord du Mali. Étrangement, Aqmi ne justifie d’aucune manière la détention de deux autres otages – un Malgache et un Togolais – enlevés dans les mêmes conditions. Et, comme chacun sait, ni le Togo ni Madagascar ne sont présents dans le bourbier afghan.

« Toute forme de négociation sur ce sujet [la libération des otages, NDLR] à l’avenir sera conduite avec personne d’autre que notre Sheikh Oussama ben Laden […] et selon ses conditions », a déclaré le dirigeant d’Aqmi, Abdelmalek Droukdel. « [Si vous] voulez que vos citoyens qui sont prisonniers chez nous soient sains et saufs, alors vous devez vous dépêcher et retirer vos soldats d’Afghanistan selon un calendrier précis que vous rendrez public », a-t-il ajouté. Ce à quoi la France a aussitôt répliqué qu’elle ne se laisserait pas « dicter » sa politique de l’extérieur.

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Au nom des musulmans

La précédente déclaration de Ben Laden remonte à fin octobre. Celui-ci avait menacé la France, déclarant qu’elle ne connaîtrait pas la sécurité tant qu’elle ne se retirerait pas d’Afghanistan. « L’enlèvement de vos experts comme otages au Niger, alors qu’ils étaient protégés par vos agents là-bas, est une réaction à l’injustice que vous pratiquez à l’encontre de nos nations musulmanes », avait expliqué le leader d’Al-Qaïda. Prétendant parler au nom des musulmans du monde entier alors qu’il n’en représente qu’une extrême minorité.

Le message du leader d’Al-Qaïda avait été interprété par les experts comme une sorte de « blanc-seing » octroyé à Aqmi, qui pourrait dès lors choisir la marche à suivre dans les négociations. Visiblement, Droukdel a opté pour le faux-semblant, essayant de se décharger de toute responsabilité sur le sort à venir des otages. Ce qui est aussi une sorte d’aveu de faiblesse de la part d’Al-Qaïda, dont les troupes ont subi de lourdes pertes en Afghanistan ces derniers mois. On voit mal, en effet, le président français Nicolas Sarkozy céder au chantage de l’organisation terroriste. Mais une chose est sûre : l’Afrique devient vraiment un terrain de repli pour Al Qaïda.

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