Tentative de putsch : les mutins refusent de plier
En dépit de leur isolement au sein même de l’armée, les quelques soldats qui ont affirmé hier avoir « suspendu les institutions » malgaches veulent aller jusqu’au bout et faire tomber le pouvoir en place.
Isolés mais déterminés. Le groupe de soldats qui a appelé au soulèvement contre le gouvernement de transition malgache, mercredi, entend bien ne rien lâcher, alors qu’ils restaient, jeudi 18 novembre en fin de journée, retranchés dans une caserne proche de l’aéroport d’Antananarivo. Et tant pis si dans les rangs de l’armée, nul ne semble prêt à leur prêter main forte.
À la question : « Allez-vous continuer la mutinerie ? », l’ancien ministre des Forces armées et général Noël Rakotonandrasana, qui mène la mutinerie, a répondu : « Bien sûr ! Rien ne va plus à Madagascar, ça ne peut plus continuer ».
Pourtant cela fait déjà plus de 24h que celui-ci avait déclaré – apparemment sans effet – avoir suspendu « toutes les institutions » du pays, dirigé par Andry Rajoelina (porté lui-même au pouvoir par un coup d’État en mars 2009).
« Pour l’instant nous n’avons pas l’intention de nous battre entre nous [au sein de l’armée]. Ça passera par des négociations », a-t-il encore indiqué. Des discussions ont en effet eu lieu, tout au long de la journée, entre les rebelles et, vraisemblablement, l’armée régulière. Le général Rakotonandrasana a affirmé qu’il voulait « discuter avec nos gars [les militaires non mutins] qui ont voulu empêcher notre action », assurant que « d’autres rejoindraient [sa] cause ».
Le « oui » au référendum en tête
Lancée le jour où s’est déroulé un référendum visant à faire adopter la nouvelle Constitution, la mutinerie a reçu l’appui d’une partie de l’opposition.
« Si c’est une prise de responsabilité face à la situation [à Madagascar], tout citoyen sensé ne peut qu’approuver un tel courage », a affirmé Roland Ravatomanga, proche de l’ancien président élu – et déchu – Marc Ravalomanana. Il n’a néanmoins pas apporté un soutien officiel à ce mouvement. « De ma vie, je n’ai jamais vu une élection aussi bâclée, c’était la honte totale pour Madagascar », a-t-il toutefois dénoncé, évoquant de « nombreuses anomalies » et la prolongation de deux heures de la durée du scrutin.
Le « oui » à la nouvelle Loi fondamentale est largement en tête à Antananarivo avec 80,48 % des suffrages exprimés et 40,07 % de participation, selon des résultats provisoires.
La victoire du « oui » ne fait que peu de doute. Les trois mouvances politiques du pays (celles des anciens présidents Marc Ravalomanana, Didier Ratsiraka et Albert Zafy) ont appelé leurs partisans à boycotter le scrutin, ce qui laisse un boulevard aux défenseurs du « oui ». La question du taux de participation sera cruciale pour évaluer le soutien implicite de la population au régime de Andry Rajoelina. (avec AFP)
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