Bertrand Marchand : « On a le potentiel pour gagner à Gaborone »
Devancée dans son groupe qualificatif pour la CAN 2012 par le Botswana qu’elle affrontera mercredi à Gaborone, la Tunisie risquerait gros en cas de faux pas en Afrique australe. Le Français Bertrand Marchand, qui est depuis juin dernier sélectionneur des Aigles de Carthage, refuse toutefois d’en faire un tournant.
Jeuneafrique.com : Bertrand Marchand, la Tunisie compte trois points de retard sur le Botswana, l’étonnant leader du groupe K. Une défaite vous éloignerait un peu plus de la CAN 2012…
Bertrand Marchand : Il y a trois options : si on gagne à Gaborone, je pense que la qualification sera bien engagée. En cas de match nul, cela resterait très ouvert. Et en cas de défaite, le Botswana se rapprocherait d’une qualification directe pour la phase finale. Il nous resterait à lutter avec le Malawi pour essayer de terminer parmi les trois meilleurs deuxièmes. Mais la Tunisie a le potentiel pour gagner à Gaborone.
Admettez tout de même que la Tunisie s’est mise presque toute seule dans la difficulté en perdant son premier match à Tunis contre le Botswana (0-1) le 1er juillet dernier, dans un groupe apparemment taillé sur mesure pour elle (le Togo, le Tchad et le Malawi complètent le groupe K) !
Le match contre le Botswana a été joué très tôt en raison de la réintégration tardive du Togo (le Togo avait été suspendu par la CAF après son forfait à la phase finale de la CAN 2010 en Angola suite à la fusillade mortelle de Cabinda, NDLR). Il a été disputé un 1er juillet, à une date où les joueurs venaient à peine de reprendre l’entraînement dans les clubs. Certains avaient même dû interrompre leurs vacances. Les Botswanais, quant à eux, venaient de terminer leur championnat, et ils étaient en plein rythme. Je ne cherche pas d’excuse, mais à une autre date, on gagnait ce match. Comme celui face au Malawi (2-2)…
Pourquoi ?
Le Malawi, on l’a affronté à Tunis en plein ramadan, le 4 septembre. On menait 2-0 à la mi-temps, avant de se faire rejoindre. Quand je suis arrivé à la tête de la sélection, le calendrier était déjà fait. Sinon, je n’aurais pas tout accepté. Là, on va jouer au Botswana. Il y a dix heures d’avion via Johannesburg, et j’ai des joueurs qui ont joué en club le dimanche. Comme Ben Saada avec Nice ou Nouioui avec La Corogne, et que je n’ai pas pu sélectionner, car c’était trop compliqué au niveau du voyage. Ajoutez à cela les blessures de Chikhaoui ou Allagui, ou le fait que des joueurs de l’Espérance Tunis aient disputé samedi la finale retour de la Ligue des champions contre TP Mazembe (1-1), et vous comprendrez que ce déplacement en pleine semaine, chez un adversaire qui sera très motivé, s’annonce délicat.
Avez-vous l’impression de jouer votre tête sur ce match ?
Non. La pression existe, il y a une forte attente du public, mais on me laisse travailler. Et, j’ai une relation de confiance avec le président de la fédération, Ali Jeddi.
Vous avez entraîné deux clubs tunisiens, le Club Africain et l’Étoile du sahel, avec laquelle vous remporté la Ligue des champions en 2007. Avez-vous le sentiment que le football tunisien a régressé ?
Il y a quelques années, j’avais annoncé que les clubs d’Afrique noire prendraient le dessus sur ceux d’Afrique du Nord, à l’exception de l’Égypte. Les deux victoires consécutives des Congolais (RDC) de TP Mazembe (2009 et 2010) le prouvent. C’est aussi le cas au niveau des sélections nationales, même si l’Égypte, encore une fois, est un cas à part.
Pour en revenir au football tunisien, il n’a plus vraiment brillé depuis sa victoire lors de la CAN 2004 au niveau de sa sélection. Le niveau du championnat local a sensiblement baissé. Tout le monde peut battre tout le monde, ce qui n’était pas forcément le cas il y a trois ou quatre ans. Et je pense que la Tunisie devrait insister sur la formation des attaquants. Car il pourrait bientôt y avoir pénurie…
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