Affaire Floribert Chebeya : reprise du procès le 3 décembre
La première audience des prévenus a eu lieu à Kinshasa. Huit policiers sont jugés pour le meurtre du militant des droits de l’homme Floribert Chebeya. Le procès reprendra le 3 décembre.
Pour les plaignants, le procès ne sera pas vraiment « juste et équitable ». Devant la cour, ce vendredi 12 novembre, comparaissent cinq des huit prévenus dans l’affaire de la mort du militant des droits de l’homme congolais Floribert Chebeya. Parmi eux, le colonel Daniel Mukalay, chef des services spéciaux, le major Georges Kitungwa et le lieutenant François Ngoy notamment. Les trois autres sont en fuite et seront jugés par défaut.
Mais nulle trace du général John Numbi, le chef de la police, pourtant soupçonné par les proches de Chebeya d’être « le suspect numéro un ». « On attend un procès juste et équitable mais comme le général John Numbi Banza Tambo est absent à l’audience, ça ne sera pas vraiment possible », a déploré peu avant l’ouverture du procès Lucrèce Bawukabio, directrice exécutif adjointe de la Voix des sans voix (VSV), l’ONG fondée et dirigée par Floribert Chebeya.
« La VSV demande justice »
Le procès a débuté peu avant 12h00 (11h00 GMT) par l’identification des prévenus, en uniformes, dans la petite salle d’audience du tribunal militaire de la Gombe, quartier chic de Kinshasa. « Avez-vous déjà été condamné ? », a demandé le président de la cour au colonel Mukalay : « Non, pas encore. »
Tous les prévenus sont accusés d’ « association de malfaiteurs, enlèvement, assassinat et terrorisme », et les trois absents – deux majors et un adjudant – aussi pour « désertion ». Me Jean-Claude Shimata, avocat du lieutenant François Ngoy, a pour sa part déclaré que son client plaiderait « non coupable (car) il n’a rien à voir dans cette affaire ».
Une centaine de personnes, dont des membres de l’ONG de Floribert Chebeya, un militant connu et respecté, assistaient à l’audience. Ils étaient vêtus de tee-shirts jaunes sur lesquels on pouvait lire « la VSV demande justice ». Près de 200 autres personnes ont dû rester à l’extérieur de la salle, faute de place.
À la demande de la partie civile, qui réclamait notamment une autre salle pour le procès et du temps pour étudier le dossier d’instruction, la cour a suspendu l’audience avant la lecture des faits reprochés aux accusés. Le tribunal a aussi fixé la reprise du procès au 3 décembre.
Numbi, simple témoin
Floribert Chebeya a été retrouvé mort en juin dernier, à l’âge de 47 ans, dans sa voiture, les mains liées dans le dos et en partie dévêtu. Des préservatifs et des mèches de cheveux féminins se trouvaient dans le véhicule, ce que différentes ONG ont dénoncé comme « un grossier montage ». Son chauffeur, Fidèle Bazana, qui l’avait accompagné, est toujours porté disparu et son corps n’a jamais été retrouvé.
La veille de la découverte du corps, Chebeya avait un rendez-vous avec John Numbi. La rencontre n’a jamais eu lieu. John Numbi a été suspendu le 5 juin « à titre conservatoire », mais ne sera pas jugé puisque le procès se déroule devant une cour militaire qui ne juge que ceux dont le grade est inférieur ou égal à celui de colonel. Ce qui exclut d’emblée un général.
Cité comme témoin à charge par la partie civile – constituée des familles Chebeya et Bazana et de la VSV-, le général Numbi a fait une très courte apparition devant la cour lors de l’appel des témoins. « C’est dégoûtant de le voir là comme simple témoin. Cela fait très mal », a commenté à l’AFP Mme Bawukabio. (avec AFP)
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