Une élection privée d’opposition ?

L’enregistrement des candidatures pour l’élection présidentielle centrafricaine est clos. Seuls six candidats se sont déclarés. L’opposition a boycotté le calendrier de remise des dossiers, modifié à la dernière minute.

François Bozizé est candidat à sa propre succession. Face à lui, cinq autres prétendants. © AFP

François Bozizé est candidat à sa propre succession. Face à lui, cinq autres prétendants. © AFP

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Publié le 11 novembre 2010 Lecture : 3 minutes.

Six dossiers de candidature pour la présidentielle du 23 janvier 2011 ont finalement été déposés dans les temps. C’est ce qu’a annoncé la Commission électorale indépendante (CEI), dans un communiqué diffusé à la radio nationale, lundi 8 novembre à minuit. Proclamant la clôture officielle de l’enregistrement des candidatures… opérations anticipées et réduites à 12 jours (du 28 octobre au 8 novembre) au lieu des 31 initialement prévus (du 8 novembre au 10 décembre). Résultat : l’opposition, qui refuse ce calendrier électoral modifié, fait figure de grande absente.

Parmi les six candidats enregistrés se détachent les noms du chef de l’État sortant, François Bozizé, investi par son parti, le Kwa na kwa (KNK, « le travail rien que le travail ») et celui de son prédécesseur Ange-Félix Patassé – qu’il a destitué en mars 2003 – qui se présente en indépendant. Il y a aussi Jean-Jacques Démafouth, l’ancien ministre de la Défense et chef de l’Armée populaire pour la restauration de la démocratie (APRD, ex-rébellion).

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Trois autres postulants ont déposé leur candidature dans les délais : Thierry Cleophas Azourouth, membre du KNK et représentant des jeunes diplômés sans emploi, ainsi que Justin Innocent Wilité, du Congrès centrafricain de la renaissance (un parti en cours de création) et Lambert Kouet Fodé, opérateur économique indépendant. Ces derniers sont les deux nouveaux venus sur la scène politique nationale.

Période illégale

En revanche, les négociations menées jusqu’au dernier moment par le médiateur de la République, Mgr Paulin Pomodimo, n’ont abouti à aucune prolongation du délai d’inscription, qui aurait pu permettre à d’autres de déposer leurs dossiers. À commencer par les deux principaux chefs de file de l’opposition : l’ancien Premier ministre (2001-2003), Martin Ziguélé, qui était arrivé au second tour en 2005, et le député Émile Gros Raymond Nakombo. Ils sont respectivement candidats déclarés du Mouvement de libération du peuple centrafricain (MLPC) et du Rassemblement démocratique centrafricain (RDC) – deux anciens partis au pouvoir aujourd’hui dans l’opposition.

Le Collectif des forces du changement, qui regroupe tous les partis de l’opposition centrafricaine, a décidé de ne pas déposer de candidatures dans les délais fixés par la CEI pour protester contre la décision qualifiée d’ « unilatérale » du président Bozizé d’anticiper la période d’enregistrement des candidatures pour la terminer le 8 novembre.
 
« Je ne me sens pas du tout concerné par le dépôt de candidature lundi à minuit, cette période fixée par la Commission électorale indépendante est illégale », a déclaré lundi Martin Ziguélé. Il a déposé son dossier le 9 novembre « conformément au délai initialement prévu » et Émile Gros Raymond Nakombo compte le faire d’ici au 15 novembre…

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Jeu électoral biaisé

Le calendrier initial élaboré par la CEI prévoyait que les opérations d’inscription se tiennent du 8 novembre au 10 décembre. Les élections présidentielle et législatives, elles-mêmes prévues en avril puis en mai 2010, ont été reportées à janvier 2011 – bien que le mandat du président Bozizé ait expiré en juin dernier – en raison de problèmes d’organisation dus essentiellement, selon la CEI, à l’insuffisance des fonds disponibles.

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La polémique ne semble pas prête de s’atténuer dans les rangs de l’opposition. D’autant que le Collectif des forces du changement a, par ailleurs, déposé un recours devant le Conseil d’État, contestant la légalité du découpage électoral.

Alors que la CEI en appelle à l’aide matérielle et financière de la communauté internationale pour organiser les scrutins, cette dernière acceptera-t-elle de cautionner un jeu électoral où les principales forces d’opposition ne seraient pas représentées ?

 

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