Paris demande des « explications » à Rabat après le refoulement d’un député français
Le ministère français des Affaires étrangères a officiellement demandé des « explications » à la diplomatie marocaine après l’expulsion du député français Jean-Paul Lecoq qui souhaitait se rendre à Laayoune. Le bilan du démantèlement du camp de protestataires sahraouis lundi a été porté à 9 morts selon Rabat, 11 selon le Front Polisario.
On savait que la question sahraouie avait pesé sur les relations entre le Maroc et l’ancienne puissance coloniale espagnole. Va-t-il désormais en être de même avec la France ?
Paris s’est en tout cas dit « surpris » et a jugé inadmissible le refoulement d’un député français par le Maroc lundi.
Ce dernier, Jean-Paul Lecoq, avait atterri à Casablanca dimanche et voulait se rendre au Sahara occidental, où Rabat allait commencer le démantèlement d’un campement de quelques milliers de contestataires par la force.
Le député français Jean-Paul Lecoq (à g.), à Gaza en février 2009.
© AFP
Regrets diplomatiques
Les autorités marocaines lui avaient interdit de quitter l’aéroport et l’avaient remis dans un avion à destination de Paris lundi matin.
Militant de l’autodétermination du Sahara occidental, Jean-Paul Lecoq avait jugé « inadmissible » qu’on empêche des parlementaires européens(selon lui, l’Espagnol Willy Meyer a également subi le même sort) « d’aller voir ce qu’il se passe à Laayoune ».
Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner a repris quasiment les mêmes termes, affirmant à l’Assemblée nationale qu’il n’était « pas admissible qu’un représentant élu de la nation soit ainsi refoulé du territoire d’un pays ami ». Tout en prenant le soin de saluer « les progrès vers la démocratie » du royaume chérifien.
« Nous regrettons cette décision de refoulement et nous en avons informé l’ambassadeur du Maroc en France », avait déclaré un peu plus tôt le porte-parole du Quai d’Orsay à propos du député français. « Nous lui avons demandé des explications sur cette décision surprenante envers un membre de notre représentation nationale », a-t-il ajouté.
Bilan contesté
Le bilan du démantèlement meurtrier du camp de contestataires sahraouis fait toujours l’objet d’une guerre de communication entre Rabat et le Front Polisario. Selon les autorités marocaines, les forces de l’ordre ont payé le plus lourd tribut : six personnes parmi lesquels aucun civil auraient trouvé la mort dans les heurts. Un représentant des autorités marocaines a concédé qu’un civil était mort à Laayoune, mais qu’il s’agissait d’un accident de la circulation.
Le Front Polisario affirme pour sa part que 11 personnes ont perdu la vie dans les affrontements et dénombre 723 blessés et 159 portés disparus.
La France a également déploré « les heurts qui ont opposé les forces de l’ordre marocaines hier à un groupe de civils à Laayoune ». « Plus que jamais, il convient d’accélérer les efforts en vue d’une solution politique », a ajouté le porte-parole du Quai d’Orsay.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Politique
- Le livre « Algérie juive » soulève une tempête dans le pays
- Maroc-Algérie : que contiennent les archives sur la frontière promises par Macron ?
- L’Algérie doit-elle avoir peur de Marco Rubio, le nouveau secrétaire d’État améric...
- En Algérie, le ministre Ali Aoun affaibli après l’arrestation de son fils pour cor...
- Au Bénin, arrestation de l’ancien directeur de la police