Relaxe pour les huit non jeûneurs pendant le ramadan

Le tribunal correctionnel algérien d’Akbou en Kabylie (250 km à l’est d’Alger) a relaxé ce lundi 8 novembre le groupe de non  jeûneurs musulmans du ramadan qui comparaissaient pour atteinte aux préceptes de l’islam.

Des musulmans algériens lors de la prière de l’Aïd, le 1er octobre 2008, à Alger. © AFP

Des musulmans algériens lors de la prière de l’Aïd, le 1er octobre 2008, à Alger. © AFP

Publié le 8 novembre 2010 Lecture : 2 minutes.

Ils sont désormais libres. Les huit prévenus avaient été interpellés fin août par la police dans un centre commercial de la localité d’Ighzer Amokrane, à une dizaine de kilomètres d’Akbou, alors qu’ils buvaient du café dans un local commercial fermé en plein mois de ramadan. Ils comparaissaient ce lundi 8 novembre devant le tribunal correctionnel d’Akbou, près de Béjaïa en Kabylie (250 km à l’est d’Alger) pour atteinte aux préceptes de l’islam. Le procureur avait demandé « l’application de la loi », ce qui devait selon lui conduire à une peine de deux à cinq ans de prison ferme.

« Ils ont été relaxés », a déclaré Said Salhi, responsable de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme. La neuvième personne déférée devant le tribunal qui, lui était jeûneur et qui se trouvait dans le centre commercial, « avait pris la fuite, pris de peur ». Il a finalement témoigné sans être inculpé.

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Une victoire pour la liberté de culte

« Nous sommes très satisfaits. Il s’agit d’un très bon jugement, c’est un acquis »,  s’est félicité Me Abderrezak Ammar-Khodja, un des avocats des prévenus. Selon lui, « s’il n’y avait pas eu de mobilisation, ils auraient été condamnés », a-t-il affirmé.

Plusieurs ONG et institutions s’étaient mobilisées pour obtenir leur libération, dont un collectif d’avocats qui s’est constitué pour les défendre,  en s’appuyant sur « l’article 36 de la Constitution relatif à la liberté de conscience et d’opinion ».

200 militants, hommes politiques, élus venus attendre le verdict sous la pluie, selon des témoins.

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Arezki Aït-Larki, responsable du collectif SOS Libertés, un groupe de défense des libertés notamment religieuses, s’est aussi réjoui du dénouement et de la sérénité des débats. Il a déclaré que « le droit et la loi ont prévalu » tout en estimant que la victoire a été obtenue « grâce à la mobilisation de la population, au soutien des avocats. Justice a été rendue ».

Multiplication des procès

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En Algérie, pays où l’islam est la religion d’État, plusieurs procès ont été intentés ces derniers mois contre des Algériens pour « non respect des préceptes de l’islam », notamment des chrétiens.

Mi-octobre dans la ville d’Oum el-Bouagui (500 km au sud-est d’Alger), un jeune homme a été condamné à deux ans de prison ferme et à une amende de 100 000 dinars (environ 1 000 euros) pour n’avoir pas jeûné. Deux autres chrétiens non jeûneurs avaient été relaxés le 5 octobre à Ain el-Hammam (à l’est du pays) alors que le procureur avait requis trois ans de prison ferme.

Un autre procès est prévu le 28 novembre contre quatre convertis au protestantisme poursuivis pour « ouverture illégale d’un lieu de culte » à Larbaâ Nath Irathen, près de Tizi Ouzou, en Kabylie.

Malgré toutes ces affaires, le Premier ministre algérien Ahmed Ouyahia avait déclaré le 21 octobre devant l’Assemblée nationale que la liberté de culte sera « toujours garantie » en Algérie.
 

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Des hommes prient devant une mosquée à Alger, pendant le ramadan en octobre 2008. © AFP

Les deux chrétiens non-jeûneurs relaxés

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