« Fatma », le monologue de la bonne philosophe
« Fatma », la pièce de l’Algérien M’Hamed Benguettaf, se joue à Ouagadougou avec l’actrice sénégalaise Diariétou Keïta, sur une mise en scène du Français Christophe Merle. Un monologue bouleversant qui évoque la fragilité des rêves humains.
Ouagadougou, quartier Gounghin Nord. La nuit est tombée il y a quelques heures déjà et n’a pas apporté la fraîcheur tant attendue. Malgré tout, les spectateurs se pressent dans la cour de l’espace Feeren et s’installent sur les gradins disposés autour d’une dalle de béton transformée pour l’occasion en une scène qu’une corde à linge traverse de part et d’autre.
Un balai, une pelle, quelques détritus, un tabouret, des bassines et du savon. Un baril qui trône majestueusement sur la gauche et qui retient une antenne de télévision brinquebalante. Les rumeurs de la ville s’élèvent du sol. Bienvenue sur la terrasse de l’immeuble de Fatma.
Vexations au quotidien
Une fois par mois, elle dispose de ce refuge pour laver son linge. Une journée loin du tumulte quotidien et du regard de ses contemporains. Une journée pour se retrouver et échapper aux vexations ordinaires que cette femme de ménage, bonne à tout faire, subit au quotidien.
Fatma raconte : la mort de ses parents, l’abandon de ses études pour s’occuper de ses frères et sœurs, son rêve brisé d’ascension sociale, l’ingratitude des siens… Elle évoque le regard des hommes, la difficulté d’être une femme dans une société musulmane patriarcale. Et jamais ne se plaint. Au contraire, l’ironie et l’humour la préservent de l’envie et de l’acrimonie. Le verbe se fait souvent piquant. Le ton tantôt emporté tantôt songeur.
Écrit en 1990, par le dramaturge algérien M’Hamed Benguettaf, Fatma est un monologue fort sur la fragilité de l’humanité interprété avec beaucoup de justesse par l’actrice sénégalaise Diariétou Keïta. A découvrir ou redécouvrir à l’occasion des Récréâtrales le 8 novembre, à Ouagadougou.
Fatma, de M’Hamed Benguettaf, avec Diariétou Keïta.
Mise en scène de Christophe Merle.
Le 8 novembre, à 18h30 à l’espace Feeren (Ouagadougou).
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