« Opération diamant » : les expulsions continuent
Luanda continue de reconduire en RDC des milliers de Congolais en situation irrégulière dans des conditions parfois inhumaines. Ils seraient 400 000 dans ce cas depuis 2004.
On croyait que la rencontre entre Joseph Kabila et José Eduardo dos Santos le 20 septembre dernier à Luanda avait permis d’arrondir les angles au sujet de la « guere des explulsions » que la RDC et l’Angola s’étaient livrée il y a peu. De fait, si Kinshasa a arrêté d’expulser des Angolais de RDC, Luanda ne se prive pas de renvoyer des Congolais de l’autre côté de la frontière. C’est du moins ce qu’on a appris vendredi 5 novembre grâce au Bureau de coordination des affaires humanitaires (Ocha) de l’ONU à Kinshasa.
Celui-ci fait état de l’expulsion de plus de 6 000 personnes en octobre par l’Angola, en majorité des ressortissants de la RD Congo, vers les provinces du Bas-Congo, de Bandundu et surtout du Kasaï-Occidental (sud-ouest de la RDC).
Lutter contre le trafic
Depuis 2004, ce sont plus de 400 000 immigrés illégaux qui ont été expulsés des provinces minières d’Angola. Objectif de l’opération, dénommée « Diamant » : lutter contre le trafic illégal de pierre précieuses.
Les motifs des expulsions sont toujours les mêmes : séjour illégal, activité illicite de chercheur de diamant, violation des frontières… Mais de nombreux cas de viols ont également été signalés, ce qui ne laisse pas d’inquiéter sur les conditions souvent inhumaines dans lesquelles les « reconduites à la frontière » ont lieu.
« Plus de 600 victimes de violences sexuelles ont été enregistrées parmi ces expulsés », a déclaré Maurizio Giuliano, le porte-parole d’Ocha, qui appelle les autorités d’Angola et de RDC à « enquêter sur ces allégations » de violences.
« Les expulsions ne sont pas illégales, rappelle-t-il, mais elles doivent être faites de manière ordonnée et coordonnée, et surtout dans des conditions acceptables du point de vue du droit humanitaire ».
Luanda dément les violences
« Les expulsions n’ont jamais cessé », déclare quant à lui l’ambassadeur d’Angola à Kinshasa, Emilio José de Carvalho, qui ajoute que les autorités congolaises en « sont toujours informées ». Interrogé sur le chiffre de 6 000 expulsés, il s’est contenté de répondre qu’il n’avait « pas reçu les derniers rapports ».
Quant aux violences sexuelles dont les femmes expulsées seraient victimes, l’ambassadeur dément catégoriquement. « Nous connaissons la chanson. Les femmes expulsées disent qu’elles ont été violées, et les hommes qu’ils ont été extorqués ». Pour lui, les violences ne seraient pas commises par les militaires angolais mais des expulsés. « Cela se passe entre eux », lâche-t-il. Les intéressé(e)s apprécieront.
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