C’est vraisemblablement la première fois qu’un haut responsable marocain aborde de manière aussi franche le problème devant la presse étrangère. « Aujourd’hui ce ne sont pas des drogues douces qui font l’objet d’un trafic entre l’Afrique et l’Europe. Aujourd’hui nous sommes extrêmement préoccupés par ce flux de drogues dures comme la cocaïne qui proviennent essentiellement d’Amérique du Sud », a déclaré le ministre marocain des Affaires étrangères, Taieb Fassi Fihri, au cours d’une conférence de presse à Madrid avec son homologue espagnole, Trinidad Jimenez.

Selon le ministre, le trajet emprunté par les narcotrafiquants est bien rôdé : la cocaïne provient d’Amérique latine,  est transbordée dans un pays de l’Afrique de l’Ouest (comme la Gambie ou la Guinée par exemple), d’où elle est convoyée vers le Maroc avant d’être transportée par avion vers l’Espagne.

Recrudescence du trafic

« Il y a des avions qui viennent régulièrement prendre de la cocaïne au Maroc pour la transporter dans le sud de l’Europe, en particulier l’Espagne », a poursuivi Taieb Fassi Fihri. Enjeu de cette sortie médiatique : Rabat souhaite que la coopération maroco-espagnole se développe dans la lutte contre le narcotrafic de la même manière que dans le domaine de l’immigration clandestine.

Cette annonce intervient dans un contexte de recrudescence des affaires de trafic de drogue entre les deux pays, alors que la période récente avait été marquée par une baisse des saisies. Un réseau de trafiquants possédant des liens présumés avec Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a été démantelé en octobre. Et la semaine dernière, un autre réseau, opérant par hélicoptère entre le Maroc et l’Espagne, avait également été neutralisé.