Une manifestation de défense des droits de l’homme violemment réprimée

Les Organisations de défense des droits de l’homme (ODDH) togolaises sont en colère. Leur marche pacifique pour dénoncer les nombreuses violations des droits humains au Togo a été violemment réprimée par les forces de l’ordre.

Membres des forces de l’ordre confiscant la moto d’un manifestant. © Jean-Claude Abalo, pour J.A.

Membres des forces de l’ordre confiscant la moto d’un manifestant. © Jean-Claude Abalo, pour J.A.

Publié le 1 novembre 2010 Lecture : 2 minutes.

Il ne faisait pas bon de se retrouver parmi les manifestants massés devant le siège de la structure de financement pyramidal ReDéMaRe, lieu où devait démarrer samedi dernier une marche pacifique à l’appel de six organisations de défense des droits de l’homme. Les gendarmes ont usé de leurs grenades lacrymogènes et de leurs matraques pour disperser sans ménagement les manifestants.

Sur les lieux, il ne restait qu’un amas de chaussures et des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : "Halte à l’impunité", "Non à une justice à double vitesse", "Que force reste à la loi, aux normes et valeurs républicaines", "Halte à l’immixtion du pouvoir exécutif dans les fonctions judiciaires"…

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La répression de la manifestation a fait des dizaines des blessés, dont un grave. Sur les lieux, les forces de l’ordre ont confisqué motos et autres engins appartenant aux protestataires.

La marche interdite

Pour les forces de sécurité, les ordres étaient clairs. « On ne leur a pas interdit de se regrouper. C’est leur droit. Mais, ils leur est interdit de marcher. C’est là notre devoir de les disperser », a expliqué à jeuneafrique.com le commandant de l’opération. Mais de leur côté, les organisations des droits de l’homme impliquées dans cette manifestation dénoncent un « comportement arriéré des forces de l’ordre togolaises ».

« Nous sommes choqués (…). Dans un État normal, lorsqu’on veut interdire une manifestation, on écrit, et on répond aux initiateurs pour leur dire que la manifestation est interdite. S’il devait y avoir une interdiction, elle devrait être formelle. Elle ne devrait pas être supposée, ni sous-entendue », s’emporte Me Zeus Messan Ajavon du Collectif des associations pour la lutte contre l’impunité et la torture (Cacit).

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Le motif principal de la manifestation était de dénoncer les propos négationnistes du président de la République par intérim, Abass Bonfoh. Celui-ci avait, dans une interview accordé à un journal local, nié les événements tragiques que le Togo a connus en avril 2005 (répression sanglante des manifestations post-électorale), allant jusqu’à affirmer qu’il n’y avait pas eu de mort durant cette période.

Détention arbitraire

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Les militants manifestaient aussi contre la détention arbitraire de Sama Essohamlon, responsable du ReDéMaRe, un groupement d’intérêt commun et de micro-finance, incarcéré depuis bientôt cinq mois à la prison civile de Lomé pour tentative d’escroquerie.

Enfin, les manifestants voulaient attirer l’attention de l’opinion publique nationale et internationale sur la violation de la liberté de manifestation pacifique, sur la lenteur des procédures dans les dossiers d’atteinte à la sureté de l’état dans lesquels sont impliqués Kpatcha Gnassingbé, demi-frère du président de la République et 23 autres co-détenus.

Bien que malmenés, les militants n’ont pas dit leur dernier mot. « La démocratie a subi un véritable coup. Nous sommes déterminés à aller jusqu’au bout de nos revendications. Nous nous ferons entendre par tous les moyens », assure Raphaël Kpandé Adzaré, le president de la Ligue togolaise des droits de l’homme (LTDH).

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