Mon journal des JCC par Fawzia Zouari # 6

Les Journées cinématographiques de Carthage battent leur plein et notre collaboratrice continue de chroniquer les grands et petits événements du festival.

Fawzia Zouria

Publié le 30 octobre 2010 Lecture : 3 minutes.

Vendredi 29 octobre

C’est bien connu, en terre d’islam, on n’oublie jamais de donner à Dieu ce qui lui revient, la foi étant une préoccupation et une pratique au quotidien. Pendant que les cinéphiles courent les salles de l’avenue Bourguiba, les croyants s’apprêtent à accomplir leur visite sur le tombeau du Prophète en Arabie Saoudite, pendant la période de l’Aïd el-Kébir. Le coup d’envoi de la saison du pèlerinage a été donné mercredi, et le premier  vol à destination des lieux saints a eu lieu le 27 octobre avec, à son bord, le premier contingent de 262 pèlerins.

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Les cinéphiles, quant à eux, étaient présent en grand nombre jeudi soir au film de la Tunisienne, Aïda Ben Aleya, « Chronique d’une agonie ». Quand la jeune actrice Amira Chalbi s’est défendue contre son violeur en lui administrant un coup de genou entre les jambes ou quand elle a traité son amoureux de « lavette », et les jeunes ont applaudi à tout rompre. Contrairement à un ami parisien assis à mes côtés que ces réactions gênent, je suis pour ma part enchantée de voir un public vivant, ça me change des salles de cinéma européennes où la discipline est telle qu’on ne peut même pas tousser sans être regardé de travers…

Je m’en vais ensuite déjeuner chez le cinéaste Taïeb Louhichi. S’il est un réalisateur pour qui vont les pensées des professionnels du secteur en cette fête du 7e art, c’est bien celui qu’on nomme « le plus africain des cinéastes tunisiens », et qui avait décroché le premier Tanit d’or tunisien des JCC, en 1972 avec « Mon village, un village parmi tant d’autres ». Il avait eu le malheur d’être victime en 2006 d’un grave accident de voiture aux Émirats Arabes Unis où il devait présider le jury de Festival d’Abou Dhabi. Depuis, il a perdu l’usage de ses jambes.

Il a tenu cette année à renouer avec une tradition qu’il avait instaurée depuis une décennie : inviter ses amis pour un couscous chez lui en l’honneur des cinéastes d’Afrique subsaharienne avec lesquels il a gardé de solides liens, malgré son absence de la scène cinématographique.

Le couscous de Taïeb Louhichi

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Dans sa villa de la Marsa, affable et souriant comme toujours, Taïeb accueille ses amis venus lui rendre visite et le consoler dans son épreuve. Il y a là, entre autres, le directeur du festival Vues d’Afrique de Montréal, Gérard Le Chêne, et le délégué général du Festival du film d’Afrique et des îles, Alain Gili. La conversation s’engage sur ces personnages qui ont initié les grands festivals du continent, dont le Tunisien Tahar Chria, le créateur des JCC qu’un journal tunisien vient de décrire comme « le Baobab du cinéma africain ». Un qualification qui fait réagir en ces termes le responsable du Festival Vues d’Afrique : « Il faudra que j’appelle Chria pour lui dire que je m’appelle Le Chêne ». Sur quoi, Alain Gili se demande quel nom d’arbre lui conviendrait personnellement, et l’assistance de décider : «  Le flamboyant ! ». Voilà, pour ce qui est de l’arboriculture cinéphile…

Taïeb, quant à lui, nous apprend qu’il est en plein travail à la fois sur un livre et sur un film, «  Les enfants de l’autre rive », dont il démarrera le tournage au mois de mai. Sa femme Martine l’assiste en tout – une aide inestimable.

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Ce soir, rendez-vous avec le premier film chinois présenté au sein des JCC : « You deserve to be single » de Cynthia Caixin.

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