Les autorités marocaines mettent Al-Jazira sur « pause »

Le ministère marocain a décidé de suspendre les activités de la chaîne satellitaire qatarie Al-Jazira qui possède une antenne à Rabat.  

Un gardien devant le siège social de la chaîne Al-Jazira à Rabat, le 29 octobre. © AFP

Un gardien devant le siège social de la chaîne Al-Jazira à Rabat, le 29 octobre. © AFP

Publié le 29 octobre 2010 Lecture : 2 minutes.

Al-Jazira au Maroc, c’est fini ? Les autorités marocaines ont décidé, vendredi 29 octobre, de suspendre les activités du bureau de Rabat de la chaîne d’informations Al-Jazira, pour « de multiples manquements aux règles du journalisme sérieux et responsable », selon un communiqué du ministère marocain de la Communication. Leurs accréditations ont également été retirées aux journalistes. En revanche, Al-Jazira continue d’être diffusée à travers le pays, même si l’actualité locale n’est plus couverte.

Le sérieux journalistique exige « le respect, dans toutes les circonstances, des conditions d’honnêteté, de précision et d’objectivité, ainsi que l’attachement aux normes et à l’éthique professionnelles, telles que communément reconnues », indique le ministère. Des règles qui, selon lui, ont été violées par Al-Jazira.

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Le ministère dénonce « une intention préméditée de nuire au Maroc », « une obstination affichée de ne véhiculer que des faits et phénomènes négatifs dans une entreprise délibérée de minimiser les efforts du Maroc dans l’ensemble des domaines de développement », entre autres.

« Image caricaturale »

Les autorités marocaines reprochent notamment à Al-Jazira « la manière dont elle traite les dossiers du Sahara [occidental, NDRL] », a indiqué un responsable du gouvernement à l’AFP sous le couvert de l’anonymat.

« L’image du Maroc est systématiquement écornée par le refus de l’objectivité et de l’impartialité », a précisé Khalid Naciri, le ministre marocain de la Communication. Nous reprochons à cette chaîne son refus de traiter les grands dossiers structurants et de véhiculer une image caricaturale de la réalité marocaine », a-t-il ajouté.

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Le directeur du bureau d’Al-Jazira à Rabat, Abdelkader Kharroubi, a répondu que Al-Jazira « a toujours respecté les règles du professionnalisme et de la neutralité, notamment au Maroc ». « Le dossier d’Al-Jazira n’est malheureusement pas entre les mains du seul ministère de la Communication. D’autres parties décident à ce niveau », a-t-il également indiqué. Avant de conclure : « Cette suspension est une erreur de la part des autorités marocaines, une erreur à laquelle nous sommes étrangers. »

La situation de la presse se dégrade

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Pour Amina Bouayach, présidente de l’Organisation marocaine des droits de l’Homme (OMDH), la suspension du bureau d’Al-Jazira « traduit l’hésitation du Maroc à continuer le processus d’ouverture, notamment au niveau de la liberté de la presse. (…) À la différence de l’Algérie et de la Tunisie, où les bureaux d’Al-Jazira sont fermés depuis longtemps, le Maroc se présentait comme une exception. Mais avec cette suspension, on peut parler d’un recul ».

Reporters sans frontières (RSF) avait adressé en mars, à la veille du sommet de Grenade, une lettre à plusieurs dirigeants européens pour « attirer (leur) attention sur la dégradation très inquiétante de la situation de la liberté de la presse au Maroc au cours des derniers mois ».

« Après de réelles avancées au début (du) règne" de Mohammed VI, commencé en juillet 1999,« les reculs et crispations se sont multipliés, notamment depuis juillet 2009, dans le domaine de la liberté de la presse », avait estimé RSF.

Récemment, les locaux du Journal hebdomadaire, une parution indépendante, ont été mis sous scellés après des problème financiers, tandis que le journal Nichane a cessé de paraître en raison d’un boycott publicitaire systématique, selon son dirigeant.

(Avec AFP)

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