Berlusconi et la mineure marocaine

La presse italienne est en plein émoi : Silvio Berlusconi aurait sympathisé de très près avec une jeune, très jeune marocaine. Les déclarations de celle-ci sont explosives… mais pas toujours crédibles.

Silvio est de nouveau mêlé à un scandale impliquant une mineure. © Reuters

Silvio est de nouveau mêlé à un scandale impliquant une mineure. © Reuters

Publié le 28 octobre 2010 Lecture : 3 minutes.

C’est une information à prendre avec précaution. Mais concernant le président du Conseil italien, elle n’a rien de vraiment surprenant. Une jeune femme marocaine, prénommée Ruby et âgée de 17 ans, a affirmé avoir participé à des fêtes, en compagnie d’autres « filles », dans la villa d’Arcore de Silvio Berlusconi.

Ruby a raconté avoir été invitée à trois reprises dans la résidence privée du Cavaliere, en compagnie de dizaines d’autres jeunes femmes, dont des escorts girls. Selon elle, Silvio Berlusconi lui aurait offert une robe Valentino. À sa seconde visite, elle aurait assisté, sans participer, au « bunga bunga », un rituel sexuel selon elle inspiré d’une pratique du numéro un libyen Mouammar Kadhafi. Elle serait restée dormir à la villa. Enfin, lors de sa troisième soirée en compagnie de Berlusconi, Ruby dit avoir pris part à un simple dîner en compagnie de l’acteur George Clooney et de sa compagne. Elle a affirmé avoir reçu, en trois mois, près de 150 000 euros de cadeaux.

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Néanmoins, elle a démenti avoir eu des rapports sexuels avec le Cavaliere, ni même avoir reçu des propositions douteuses de sa part. Et elle admet lui avoir menti sur son âge en prétendant être âgée de 24 ans. Mais La Repubblica attire l’attention de ses lecteurs sur certaines incohérences.

Ouverture d’une enquête

Des zones d’ombres demeurent mais certains éléments laissent à penser que Ruby a effectivement bien connu Silvio Berlusconi. Tout a commencé le 27 mai dernier, lorsque la jeune femme a été arrêtée pour avoir volé de 3 000 euros à une amie. Interrogée par la police italienne, elle a été immédiatement libérée après un coup de téléphone de la présidence du Conseil italien affirmant, selon la presse italienne, qu’elle était la nièce du président égyptien Hosni Moubarak.

Ce mensonge d’un membre du gouvernement pour faire relâcher la jeune femme cache forcément quelque chose, assure La Repubblica. C’est d’ailleurs Nicole Minetti, l’assistante dentaire de Berlusconi et ex-membre du Conseil régional de Lombardie qui serait venue récupérer Ruby au commissariat.

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L’enquête pour vol a néanmoins été poursuivie, et c’est au cours d’interrogatoires que Ruby a fait diverses révélations. Devant ces éléments troublants, une investigation a été ouverte pour « incitation à la prostitution ». Silvio Berlusconi n’est pas inquiété, mais Dario Mora, le magnat des médias, Emilio Fede, le directeur de Tg4, une des chaînes de télévision de Mediaset – l’empire audiovisuel fondé par Sivio Berlusconi -, ainsi que Nicole Minetti risquent de devoir répondre aux questions des enquêteurs.

D’après les déclarations de Ruby, Nicole Minetti et Dario Mora connaissaient son véritable âge, et c’est Emilio Fede qui l’aurait repérée dans un concours de beauté télévisé. Par ailleurs, les premières investigations ont révélé que la jeune marocaine avait été localisée, via sont téléphone portable, non loin de la villa d’Arcore, le 14 février. Certains objets de valeurs en sa possession auraient en outre  bien été payés par le président du Conseil italien…

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"Un coup monté"

L’entourage de Silvio Berlusconi dément toute implication du Cavaliere dans cette affaire, évoquant « un coup monté », selon le journal La Stampa. Mais ses avocats vont avoir bien des difficultés à blanchir totalement l’image de leur client aux yeux de l’opinion, tant ce type d’affaires de mœurs tend à se répéter depuis l’an dernier.

Lorsque sa femme Veronica a demandé le divorce l’an passé, c’était notamment parce qu’elle était excédée par l’habitude qu’avait prise Silvio Berlusconi de faire nommer à des postes à responsabilité de jeunes – et jolies – femmes, souvent « recyclées » après une brève carrière sur l’une des chaînes de télévision qu’il contrôle. Des promotions qui, chuchotait-on alors, se faisaient parfois en échange de certaines « faveurs ».

Puis il avait défrayé la chronique en assistant à l’anniversaire de la jeune Noemi Letizia, 18 ans à peine, qui l’appelait « Papounet » en privé… Décidément non, en Italie, ce genre d’affaire ne surprend plus. Il y a tout juste un an, le New-York Times écrivait, dans l’un de ses blogs : « Vous voulez comprendre ce qui se passe dans l’Italie de Silvio Berlusconi? Imaginez une Amérique où Donald Trump serait à la Maison Blanche, présiderait la NBC et offrirait à Miss Californie en échange de ses faveurs un siège au Sénat. Vous ne seriez qu’à mi-chemin de la situation à Rome. »

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