La frustration du journaliste
Les organisateurs suisses du XIIIe sommet de la Francophonie, qui s’est déroulé à Montreux du 22 au 24 octobre, avaient tout prévu pour la quarantaine de chefs d’État et de gouvernement venus sur les bords du lac Léman.
La vue imprenable sur la Riviera depuis le Palais des congrès, les merveilleux salons capitonnés du Montreux Palace placé sous très haute protection, la croisière pour les épouses… Et même 80 montres offertes par l’horloger Hublot aux chefs de délégation. Pas de doute, l’hospitalité helvétique n’est pas une fable.
Mais quid des journalistes ? Rassurons-nous, la Suisse arrive en tête du dernier classement de Reporters sans frontières (RSF), loin devant d’éminents membres de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) comme le Rwanda, la Guinée équatoriale ou la RDC… Mais pour son prochain rapport, l’association toujours sur le qui-vive lorsqu’il s’agit de dénoncer, à juste titre, les atteintes à la liberté de la presse serait bien inspirée d’enlever quelques dixièmes de points à la Confédération helvétique.
Je passe le coup du parc de stationnement en sous-sol transformé en centre de presse car après tout, il y avait de la place, des connexions internet et des postes de travail…
Que dire de la couverture du sommet ? Le Palais des congrès n’a été accessible que le temps de la cérémonie d’ouverture histoire de pouvoir écouter, de très loin, les discours officiels. Pour le reste des travaux, rideau ! Les huis clos, cela va de soi. Mais la rigueur helvète a poussé cette logique jusqu’aux couloirs, salons d’honneur, escaliers, ascenseurs… décrétés zone interdite.
Et comme les 3 000 délégués des 70 pays membres ont préféré le confort douillet de leur hôtel ou la vue sur la Riviera, nous avions bonne mine dans notre centre de presse. Heureusement, les plateaux de TV5, RFI, la Radio Suisse Romande ou France 24 ont permis de faire descendre quelques prestigieux invités dans la fosse aux journalistes. Un chef d’État se déplace toujours avec sa cohorte de conseillers. Certains bavardent. Quant aux communicants de l’OIF, ils ont essayé de récupérer le coup en organisant des conférences de presse et improvisant des rencontres « off », pour les journalistes les plus insistants.
Le clou pour la fin. Pour pénétrer dans le Montreux Palace où résidaient les chefs d’État, il fallait justifier d’un rendez-vous, disposer d’un surbadge et être accompagné d’un agent de liaison. L’entourage d’un chef d’État m’a permis d’obtenir ces trois précieux sésames. Mon agent de liaison était jeune, belle, agréable, sympathique, souriante…, mais ne m’a pas quitté une seule seconde. Et l’entretien avec le « patron » terminé, il m’était impossible de m’éterniser dans les couloirs de l’hôtel…
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