Soupçonné de corruption, le ministre des Affaires étrangères démissionne
Moses Wetangula, le chef de la diplomatie kényane, accusé de corruption, a donné sa démission. En attendant que l’enquête en cours le blanchisse de tout soupçon.
Même s’il clame son innocence, le ministre kényan des Affaires étrangères préfère se retirer de la vie politique le temps que les soupçons de corruption à son encontre soient dissipés. Il a donc annoncé, mercredi 27 octobre qu’il démissionnait de son poste de ministre des Affaires étrangères.
« J’ai pris la décision personnelle de me mettre de côté en tant que ministre des Affaires étrangères, afin de faire plaisir à ceux qui me pourchassent et qui me tourmentent, et pour laisser se dérouler l’enquête », a indiqué Moses Wetangula. Mais il a promis de revenir au gouvernement dès qu’il sera blanchi des accusations de fraude lors de transactions immobilières de son ministère à l’étranger.
« Je peux vous assurer que je reviendrai au gouvernement une fois les enquêtes achevées, car je sais que je suis innocent », a-t-il ajouté devant la presse.
Une politique anticorruption renforcée
Moses Wetangula, 54 ans, était le Monsieur diplomatie du Kenya depuis janvier 2008. Il fait les frais d’une politique anticorruption renforcée depuis peu dans ce pays gangréné par les abus et les fraudes depuis des décennies jusqu’au plus haut niveau de l’État. Dans le dernier classement de Transparency International, le Kenya est classé parmi les pays les plus corrompus du monde. Au154e rang sur 178, il perd cette année encore plusieurs places dans l’index de la perception de la corruption.
Poids lourd de la politique nationale, William Ruto, a d’ailleurs été suspendu de son poste de ministre de l’Éducation supérieure la semaine dernière après avoir été inculpé dans une affaire de corruption présumée remontant à 2004. Le maire de Nairobi, Geoffrey Majiwa, a quant à lui été reconnu coupable de corruption dans une autre affaire immobilière.
Pour sa part, Moses Wetangula ne fait pour l’heure l’objet d’aucune inculpation. Il a cependant été vivement questionné par le Parlement mardi, notamment sur sa décision de refuser un terrain proposé par le gouvernement japonais en plein centre de Tokyo, préférant acquérir pour 13,6 millions d’euros cette année un bâtiment plus éloigné pour servir d’ambassade, contre l’avis d’un cabinet immobilier. Il a aussi dû justifier d’autres transactions immobilières ou foncières de son ministère, jugées douteuses, à Lagos, Islamabad ou Bruxelles.
Occupations strictement politiques
Dans une ambiance houleuse et devant ses collègues du gouvernement, le ministre a fait porter la responsabilité de toute irrégularité supposée à ses subordonnés. « Les ministres ne s’occupent pas des transactions. Nous nous occupons de ce qu’on nous donne. Les ministres ne s’occupent que de politique », a-t-il ainsi lancé.
À la presse, il a déclaré : « La responsabilité politique ne signifie pas que quand vous êtes un homme politique, les crimes d’une autre personne ou d’un groupe de personnes vous incombent, si un tel crime a été commis, à moins qu’il soit prouvé que vous avez agi en unisson [avec eux]. »
Quelques heures plus tôt, le chef de l’administration du ministère des Affaires étrangères, Thuita Mwangi, avait également fait savoir qu’il se retirait de son poste pour permettre au Parlement de poursuivre ses enquêtes sur les transactions.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Politique
- Sexe, pouvoir et vidéos : de quoi l’affaire Baltasar est-elle le nom ?
- Législatives au Sénégal : Pastef donné vainqueur
- Au Bénin, arrestation de l’ancien directeur de la police
- L’Algérie doit-elle avoir peur de Marco Rubio, le nouveau secrétaire d’État améric...
- Mali : les soutiens de la junte ripostent après les propos incendiaires de Choguel...