Mon journal des JCC, par Fawzia Zouari # 2

Suite du journal écrit par notre collaboratrice pendant les Journées cinématographiques de Carthage. Où l’on rencontre, entre autres, le réalisateur tunisien Chawki al-Majri, venu présenter « Les Fourmis ».

Actrice et membre du jury, l’Egyptienne Elham Shahine lors de la cérémonie d’ouverture des JCC. © AFP

Actrice et membre du jury, l’Egyptienne Elham Shahine lors de la cérémonie d’ouverture des JCC. © AFP

Fawzia Zouria

Publié le 27 octobre 2010 Lecture : 3 minutes.

Mardi 26 octobre

Il pleut sur Tunis, mais chacun sait que le mauvais temps ne dure jamais ici. Justement. À deux pas de moi, une jeune femme lance : « La seule forme d’infidélité supportable est celle du climat tunisien, le soleil finit toujours par tromper les nuages et personne ne s’en plaint ! »

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Ce matin, avant de sortir de l’hôtel, je croise quelques membres du jury de la compétition officielle qui, comme tous les jurés du monde, rivalisent de discrétion : ils chuchotent plus qu’ils ne parlent et évitent les journalistes comme la peste. J’aurais bien voulu interroger le cinéaste haïtien Raoul Peck sur tout autre chose que le palmarès des JCC, sur ce qu’il pense des conditions sanitaires à Haïti, par exemple, et du danger du choléra qui a déjà décimé quelques centaines de personnes ; j’aurais bien voulu demander à l’écrivain et réalisateur franco-afghan Atiq Rahimi son point de vue sur la Tunisie et surtout sur les femmes tunisiennes, tout aussi musulmanes que les Afghanes, mais qui sont  pourtant à mille lieux de la condition de ses compatriotes… Sauf que le barrage était solide. Je réussis juste à apprendre que Rahimi dédicacera tout à l’heure Syngué Sabour, son roman qui a emporté le Goncourt 2008.

Effervescence autour du film Les Fourmis

11h. Il faut choisir rapidement entre deux manifestations qui se tiennent simultanément à l’intérieur de l’hôtel : l’ouverture des journées audiovisuelles franco-tunisiennes, organisées par l’Ambassade de France à Tunis, ou bien le rendez-vous donné aux journalistes et aux cinéphiles pour rencontrer l’équipe du film produit par Najib Ayad et annoncé comme le plus cher du cinéma tunisien, Les Fourmis.

Je choisis cette seconde option : le film fait déjà polémique en Égypte à cause de sa thématique – les Palestiniens, les murs de la honte et les tunnels dans lesquels certains se terrent pour vivre – et affiche une bande d’acteurs célèbres, issus de divers pays arabes.

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Quelque 200 personnes sont là, les questions fusent sur la date exacte de la sortie du film, sur le traitement de la question palestinienne, sur le budget, sans compter les questions habituelles qui versent dans le nationalisme facile : « Pourquoi n’avez-vous pas fait appel à des interprètes tunisiens ? » Abruptement, le réalisateur Chawki al-Majri répond qu’il fait appel à « l’interprète qui lui semble le mieux répondre à ses exigences et celles-ci se trouvent satisfaites, pour le moment en tout cas, par des auteurs syriens ou jordaniens ». Fermez le banc !

Retour dans le hall de l’hôtel. De toute l’année, la période des JCC est celle qui concentre le plus d’artistes et d’intellectuels tunisiens dans un périmètre de 100 m2, celui, justement, du hall de l’Africa. Le plus grand poète tunisien, Sghaïr Ouled Ahmed est là, costumé et rasé de près, et l’occasion est trop belle de lui faire promettre de m’envoyer le manuscrit du recueil qu’il s’apprête à publier. À moi, maintenant, de promettre à Noureddine Ouerghi, l’homme de théâtre qui planche actuellement sur Celle qui vient de-là bas – une pièce qu’il présentera au public fin novembre prochain -, d’assister à ses répétitions (entre nous, je me demande quand est-ce que j’aurai le temps…).

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Absent de marque

Quelqu’un fait alors remarquer que le grand absent est le cinéaste Nouri Bouzid. Effectivement, je ne l’ai vu dans aucune des manifestations des JCC et son absence interpelle. Renseignement pris, il semblerait qu’il soit occupé par la préparation de son futur long métrage qui s’intitulerait Mille feuilles. Si j’ai plus d’informations sur le plus célèbre réalisateur tunisien, je vous les livrerais, promis !

Pour le reste, n’étant pas douée d’ubiquité, je me fais raconter ce qui se passe, ou qui s’est passé, ailleurs autour du festival. J’apprends qu’hier soir, l’ambassadeur d’Égypte et son épouse ont donné une réception pour honorer les acteurs égyptiens présents aux JCC, tels que Ilham Chahine, Yosra, ou Nour Charif. Ma cousine qui s’est trouvée parmi les invités de l’ambassade et qui rêve depuis des années de voir, de ses yeux, Ilahm Chahine a eu le culot de tendre son portable à la star du Nil pour lui demander : « Voulez vous dire deux mots à mon amie, sinon elle m’accusera de fabuler… »

Quant aux Français – qui malheureusement ne font pas rêver autant mais qui, à défaut d’illusions, fournissent un soutien réel, ils ont organisé une cérémonie présidée par Frédéric Mitterrand, le ministre de la Culture, qui a décoré des artistes tunisiennes, dont la peintre Meriem Bouderbala, la commissaire artistique Leila Souissi ou la photographe Marianne Catzaras.

La soirée cinéma s’annonce riche. Entre Un conte de faits du Tunisien Hichem Ben Ammar ou La mosquée de Daoud Aoulad-Syad du Maroc, pour ne citer que ces deux là…mon cœur balance… À demain !

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