Situation très tendue dans l’attente d’une date pour le second tour de la présidentielle

La Guinée risque-t-elle de sombrer dans le chaos ? C’est ce que redoute une partie des Guinéens qui attendent avec impatience de la Ceni une date pour le second tour de l’élection présidentielle. Après les accusations mutuelles de violences du RPG et de l’UFDG, leurs leaders respectifs, Alpha Condé et Cellou Dalein Diallo, ont cependant appelé leurs militants au calme samedi.

La détermination d’une date pour le second tour est attendue avec impatience. © AFP/Issouf Sanogo

La détermination d’une date pour le second tour est attendue avec impatience. © AFP/Issouf Sanogo

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 23 octobre 2010 Lecture : 3 minutes.

L’annonce du report du second tour de l’élection présidentielle à une date inconnue, vendredi, n’a pas vraiment apaisé la situation en Guinée.

Les deux camps finalistes – celui de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) de Cellou Dalein Diallo et celui du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) de Alpha Condé – continuent de s’accuser mutuellement de violences.

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Des rumeurs d’empoisonnement ayant couru lors d’un meeting d’Alpha Condé, vendredi, certains de ses militants ont vandalisé des boutiques de Peuls, suspects à leurs yeux car appartenant à la même ethnie que Cellou Dalein Diallo. Celui-ci avait affirmé peu auparavant que ses militants, dont un serait mort, avaient été « agressés » jeudi par le camp de Condé, qu’il accuse également de « préparer un hold-up électoral », en évoquant des « listes électorales et cartes d’électeurs parallèles saisies ».

Troisième report consécutif

L’ancien Premier ministre François Lonsény Fall, soutien du candidat Condé dont il est devenu le porte-flingue attitré, a répliqué : « toutes les scènes de violence sont au compte de l’autre camp ». Quoi qu’il en soit, certains dépositaires de l’autorité publique commencent à profiter de la situation pour essayer de s’enrichir. Des habitants de Bambeto (banlieue de Conakry) ont accusé des forces de l’ordre de violences, de déprédations et de vols commis vendredi. La détermination rapide d’une date pour le second tour est donc nécessaire pour éviter que la Guinée ne sombre dans le chaos. D’autant que certains militaires n’attendent qu’un prétexte pour sortir des casernes.

« Les gens veulent de cette élection, il y a trop de contraintes liées à la sécurité et l’atmosphère pesante sur la Nation », a concédé François Lonsény Fall. De fait, l’impatience est à son comble : il s’agit du troisième report du second tour qui, selon la loi, aurait dû se tenir dès le 4 août, soit quatorze jours après la proclamation des résultats du premier tour organisé dans le calme le 27 juin. D’abord repoussé au 19 septembre, puis au 24 octobre, le scrutin semble ne jamais pouvoir se tenir.

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C’est ce que craignent une partie des Guinéens, tandis que les autres se satisfont du report décidé par le nouveau président de la Commission électorale indépendante (Ceni), le général malien Siaka Toumani Sangaré, qui devrait lui permettre de préparer l’élection de la manière la plus transparente et la plus sereine possible.

Crise au sein de la Ceni

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« L’attente autant que l’impatience sont considérables », a reconnu Sangaré, qui n’a pas donné de précisions sur les raisons du report, se contentant d’évoquer « les contraintes, notamment celles liées aux derniers dysfonctionnements enregistrés dans la marche de la Céni », suite à une « grave crise » en son sein.

Sangaré faisait évidemment référence à la guerre interminable que s’était livrée les deux camps pour prendre le contrôle de la Ceni. Ce qui avait amené le chef de la transition, le général Sékouba Konaté, à choisir une solution extérieure pour la présidence de l’institution (sur proposition du médiateur burkinabé Blaise Compaoré), en la personne de Sangaré (un général malien représentant de la Francophonie en Guinée), pour essayer d’y remettre un peu d’ordre.

Louseny Camara condamné

Dernier épisode en date de cette lutte pour le contrôle de la Ceni, son ancien président Louseny Camara, rétrogradé au rang de vice-président suite à la nomination de Sangaré, a été condamné vendredi 22 octobre par un tribunal de la banlieue de Conakry à un an de prison ferme et à une amende de 2 millions de francs guinéens (250 euros), pour vol de 109 procès verbaux lors du premier tour de la présidentielle. Il est aussi privé de ses droits civiques. pendant deux ans. Il était jugé sur plainte de l’UFDG de Cellou Dalein Diallo, mais sa défense a immédiatement décidé de faire appel, ce qui suspend de facto le caractère exécutif de la décision judiciaire.

« Quand on est condamné vraiment à une interdiction de droits civiques, (…) ça veut dire que Monsieur Louseny Camara (…) devrait lui-même se remettre en cause et savoir qu’il ne devrait pas aujourd’hui prétendre à exercer des fonctions qui sont les siennes à la Ceni », a estimé sur RFI Thierno Ousmane Tall, l’avocat de la partie civile. Réponse de la défense, représentée par Me Mohamed Traoré : « Comme nous avons fait appel de la décision, cet appel va suspendre cette décision donc notre client va continuer à accomplir toutes ses fonctions comme par le passé ». Le malaise à la Ceni devrait donc perdurer jusqu’au second tour…

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