Présidentielle : la CEI fait le choix compliqué du comptage manuel
Après la contestation par l’opposition de la société Sils Technology, chargée de compiler informatiquement les résultats de l’élection présidentielle du 31 octobre, la CEI a finalement décidé d’effectuer un comptage manuel des voix. Une solution qui renforce l’éventualité d’un nouveau report du scrutin.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que la confiance ne règne pas en Côte d’Ivoire, au sujet de l’élection présidentielle du 31 octobre. Jeudi en fin de journée, la Commission électorale indépendante a annoncé avoir opté pour un comptage manuel des voix. « Tout autre moyen technologique est à écarter », a expliqué le porte-parole de la CEI Yacouba Bamba. Un communiqué de l’organisme précise que « la transmission et la proclamation des résultats se feront à partir des procès-verbaux de dépouillement des bureaux de vote acheminés physiquement » à Abidjan.
La raison du renoncement à l’informatique, étonnant dans une élection moderne, provient de la contestation par l’opposition du choix de la société de services informatiques initialement retenue pour la très sensible phase de transmission et de traitement des résultats. Celle-ci, Sils Technology, a été récusée au motif qu’elle était une filiale d’un bureau d’études dirigé par Ahoua Don Mello, un proche du président-candidat Laurent Gbagbo.
« Solution relevant du Moyen-Âge »
Cet ingénieur militant de la première heure au Front populaire ivoirien (FPI, parti présidentiel), était chargé du système informatique pendant la campagne de Gbagbo lors de la présidentielle d’octobre 2000. Ahoua Don Mello dirigeait notamment les opérations de compilation des résultats électoraux en parallèle du comptage officiel. Pour lui, évidemment, le choix de la CEI est totalement anachronique.
« C’est une solution qui relève à mon avis du Moyen-Age […], le décalage entre les décomptages manuel et électronique est tel que toutes les aventures sont possibles », a-t-il déclaré jeudi soir sur RFI, en rejetant tout parti pris dans son travail. « Les ordinateurs et les logiciels ne sont pas des militants du Front populaire ivoirien », a-t-il assuré.
Nouveau report « technique »?
Le problème qui se pose désormais à la CEI est double. D’abord, la Constitution l’oblige à proclamer les résultats du scrutin dans les trois jours. Si ce délai n’était pas respecté, la porte serait ouverte à une pluie de recours qui pourraient mettre en péril le scrutin. Ensuite, selon les chiffres officiels du milieu de semaine, autour de la moitié seulement des cartes d’électeurs ont été distribuées, à environ une dizaine de jours du scrutin. Sans compter que des retards sont aussi enregistrés dans la formation des agents électoraux ou encore dans l’acheminement du matériel de vote.
Mercredi soir, selon nos informations, les autorités ivoiriennes s’inscrivaient encore dans le calendrier électoral original, avec un premier tour prévu le 31 octobre. Mais elles réfléchissent aussi à un léger report du scrutin au 14 novembre. D’autant plus d’actualité, désormais, qu’il faudra se préparer à compter manuellement, en trois jours seulement, tous les bulletins de vote des quelque 5,3 millions de électeurs potentiels…
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