Quand un responsable nigérian de la Fifa accepte 600 000 euros contre son vote
Les reporters du quotidien britannique The Sunday Times ont piégé Amos Adamu , le président nigérian de l’Union des fédérations ouest-africaines de football. Il était d’accord pour monnayer sa voix dans le vote désignant le pays hôte de la Coupe du monde 2018 pour près de 600 000 euros.
Coup dur pour la Fifa. D’après le quotidien britannique The Sunday Times, les votes de certains membres de son comité exécutif (l’organe qui sélectionne le pays hôte de la Coupe du monde) peuvent être achetés.
L’enquête de ses journalistes met en cause plusieurs responsables africains, dont Amos Adamu, le président nigérian de l’Union des fédérations ouest-africaines de football (Ufao).
Les journalistes du Sunday Times se faisaient passer pour des lobbyistes travaillant pour un consortium d’entreprises américaines qui cherchait à s’assurer que les États-Unis seraient retenus pour 2018.
"Directement, directement"
Les reporters affirment avoir rencontré Amos Adamu à deux reprises. La première fois, à Londres, les faux lobbyistes auraient expliqué leur intention de financer des projets dans le football nigérian en échange d’un vote.
Adamu aurait répondu qu’il souhaitait faire construire quatre terrains de football artificiels pour un coût de 800 000 dollars (570 000 euros). À la question de savoir si l’argent devait être remis à la fédération nigériane de football ou à lui directement, Amos Adamu répond « directement, directement », lors de cet entretien filmé en caméra cachée.
« Est-ce que cela vous aidera à prendre une décision en faveur des États-Unis », demandent ensuite les faux lobbyistes. « Évidemment, répond Adamu. Cela aura un effet, bien sûr que cela aura un effet. Parce que, certainement que si vous investissez cela, cela veut dire que vous voulez aussi le vote. »
Lors d’un rendez-vous ultérieur, au Caire, Amos Adamu aurait assuré que son vote en faveur des États-Unis était « garanti ». Interrogé par les journalistes britanniques à la veille de la publication de leur enquête, Adamu a affirmé qu’il ne discutait affaire que pour l’après Coupe du monde, et que son vote « n’était pas à vendre ».
Services d’intermédiaires
Au cours de cette enquête, qui a duré trois mois, les reporters britanniques ont interrogé plusieurs autres responsables de la Fifa. Certains ont simplement décrit la corruption au sein du système de désignation. D’autres ont proposé leurs services comme intermédiaires avec le comité exécutif.
D’après les reporters, le Tunisien Slim Aloulou aurait fait des propositions en ce sens contre 300 000 livres (342 000 euros). Recontacté par les journalistes plus tard, Slim Aloulou précisera qu’il n’avait pas promis des votes, mais seulement de présenter ses interlocuteurs aux membres du conseil.
Le Malien Amadou Diakité, un ancien membre du comité exécutif, aurait quant à lui affirmé que certains membres s’étaient vus offrir entre 1 et 1,2 million de dollar (719 000 à 863 000 euros) en échange de leur vote. Il assurera plus tard avoir inventé cette histoire car il avait des « suspicions » sur l’identité de ses interlocuteurs.
La Fifa a lancé une enquête « en profondeur » sur cette affaire qui a eu « un impact très négatif », d’après son président Sepp Blatter.
L’Angleterre, l’Espagne avec le Portugal ainsi que la Russie sont en lice pour accueillir le Mondial 2018. Les États-Unis se sont retirés de la course vendredi. Le vote du comité exécutif doit se tenir le 2 décembre.
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