La transition nigérienne en zone de turbulences

Alors que le Conseil suprême de restauration de la démocratie (CSRD) dirigé par Salou Djibo entame la phase finale de la période de transition au Niger, devant conduire à une élection présidentielle en janvier 2011, plusieurs limogeages au sein de la junte et des rumeurs d’arrestation suscitent l’inquiétude à Niamey.

Le général Salou Djibo, le 30 septembre 2010, à Niamey. © AFP

Le général Salou Djibo, le 30 septembre 2010, à Niamey. © AFP

Publié le 14 octobre 2010 Lecture : 2 minutes.

Il y a d’abord eu, le 10 octobre, le limogeage du colonel Abdoulaye Badié, chef de l’intendance des armées. En tant que secrétaire permanent du Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSRD, junte), il était le numéro deux du régime et l’un des plus proches collaborateurs du chef de la transition Salou Djibo, porté au pouvoir en février dernier par le coup d’État contre l’ex-président Mamadou Tandja.

Dans la foulée, Salou Djibo a supprimé le poste de secrétaire permanent du CSRD, avant de remettre sur pied la Cour de justice militaire, qui n’avait pas siégé depuis plusieurs années. Puis il a nommé au poste de commissaire du gouvernement (procureur) près le Tribunal militaire, le lieutenant-colonel de la gendarmerie Mahamadou Ibrahim Bagadoma. Dans la presse locale, on s’interroge. « Qui va-t-il juger ? Pour quels chefs d’accusation ? », écrit Le Canard Déchaîné, un titre de la presse indépendante.

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Dans son édition du 11 octobre, le journal avait déjà avancé une réponse à cette question, en évoquant  « de folles informations faisant état d’une tentative de coup d’État ».

Aucune source officielle n’a confirmé ou infirmé une telle menace. Mais on a appris jeudi 14 octobre que le colonel Abdoulaye Badié – qui était resté après son limogeage un simple membre du CSRD – avait été arrêté la veille. « Les choses sont au stade de l’interrogatoire », a indiqué une source militaire, sans autre précision. Mais en fait, jeudi après-midi, Badié était à son domicile de Niamey où un journaliste de l’AFP l’a rencontré en présence de nombreux membres de sa famille. Il n’a pas souhaité s’exprimer sur sa situation, mais un homme se présentant comme un membre de sa famille a réfuté son arrestation. « C’est complètement faux. Il n’a même pas été interpellé, à plus forte raison mis aux arrêts », a-t-il assuré.

Expectative générale

Pour l’heure, aucun porte-parole du régime ne s’est exprimé publiquement sur la situation du colonel Badié durant la journée de jeudi. À Niamey, c’est l’expectative générale et les spéculations vont bon train depuis déjà plusieurs jours. La Griffe, un journal satirique nigérien, rappelait le 13 octobre dans son édition en ligne que deux jours avant de remercier Abdoulaye Badié, Salou Djibo avait déjà signé sans explications un décret actant le limogeage du commandant de la Garde nationale du Niger, le colonel Abdou Sidikou Issa, un autre de ses proches. Par ailleurs, la population a constaté depuis quelques jours une présence plus sensible de l’armée dans la capitale et ses environs, avec des patrouilles renforcées, notamment la nuit.

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Ces événements surviennent dans un contexte électoral sensible. Le Niger s’apprête à poursuivre, avec un référendum constitutionnel prévu le 31 octobre, un processus de transition censé aboutir à une élection présidentielle en janvier 2011. Un régime civil doit être rétabli le 6 avril 2011, avec l’investiture du nouveau président. (Avec AFP)
 

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