Nouveau code pour une nouvelle ligne de conduite sur les routes

Le nouveau code de la route marocain est entré en vigueur le 1er octobre dernier. Ce texte tant attendu pour mettre un bémol à la folie meurtrière sur les routes marocaines semble pour l’instant inciter les usagers à adopter une meilleure conduite.

Avec ce nouveau code, les Marocains espèrent en finir avec l’insécurité routière. © AFP

Avec ce nouveau code, les Marocains espèrent en finir avec l’insécurité routière. © AFP

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Publié le 14 octobre 2010 Lecture : 3 minutes.

Centre ville de Marrakech. 22 h 00. Est-ce une illusion ou les automobilistes sont-ils particulièrement prudents en ce samedi soir ? Pas de queue de poisson, pas de klaxon intempestif, pas une personne pour brûler un feu rouge ou prendre une rue en sens interdit ! Les Marocains seraient-ils subito devenus de bons conducteurs ? « Il ne faut pas rêver. Le nouveau code de la route n’a pas agi comme une baguette magique. Mais comme les gens ne savent pas vraiment ce qu’ils risquent, ils font plus attention », reconnaît Karim, 32 ans.

Entré en vigueur le 1er octobre, le nouveau code de la route vient remplacer un vieux texte de 1953. Dans un pays où la route fait 4 000 morts par an et où l’insécurité routière coûte près de 11 milliards de dirhams à la communauté, les attentes sont énormes. Mais pour beaucoup, le nouveau texte est inadapté aux Marocains. « On s’est entièrement inspiré des codes de la route occidentaux, comme si les Marocains avaient le même pouvoir d’achat », s’insurge Maya. En cause, le montant des amendes, compris entre 300 et 700 dirhams (entre 26 et 62 euros) pour les infractions les plus courantes mais qui pourra  aller jusqu’à 7 500 dirhams  pour certains délits !

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Musulmans à l’Alcootest

Avec ce texte, le Maroc rompt avec une hypocrisie meurtrière. Partant du principe qu’un musulman ne boit pas d’alcool, les contrôles d’alcoolémie au volant n’existaient pas…alors même que les bars, les restaurants et les boîtes de nuits sont remplis de Marocains et de potentiels fous du volant. À présent, un taux supérieur à 0 peut tout simplement mener à la prison. « L’Alcootest est une très bonne chose et certains font déjà  plus attention quand ils sortent le soir. Mais pour la plupart, ils ne feront qu’augmenter le bakchich aux policiers. Un de mes amis a donné 3 000 dirhams à un gendarme et il l’a laissé partir ! », ajoute Karim.

« La corruption, les passe-droits, sont les principaux obstacles à une bonne application du texte. J’attends plus des radars automatiques, qui vont être mis en marche dans très peu de temps. Là, personne ne pourra contester », reconnaît Amina, qui a perdu un frère dans un accident de voiture en 2009. Elle ne croit pas que les badges que portent désormais les agents, avec leur numéro de matricule, suffira à faire reculer les mauvaises pratiques.

Limites de la rigueur

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Depuis son entrée en vigueur, le code semble en tout cas appliqué avec rigueur. Durant les trois premières heures de son application, 12 000 infractions ont été enregistrées. En une semaine, près de 11 000 permis ont été retirés. « Mais attention à trop de sévérité. Si on continue à ce rythme et compte tenu de la conduite des Marocains, on risque de retirer des millions de permis. À partir d’un moment ça n’aura plus de sens, et la loi aura raté sa cible ! », prévient Amine, jeune avocat casablancais.

Mais c’est surtout chez les professionnels, routiers ou chauffeurs de taxis, que le code passe mal. Parmi les transporteurs, on fait néanmoins plus attention. Sur l’autoroute, les camions croulant sous le poids des marchandises se font plus rares. À tel point que le code a eu des effets collatéraux surprenants : « Le prix des fruits et des légumes a beaucoup augmenté. Comme les routiers peuvent en transporter moins et qu’ils font plus attention aux limitations de vitesse, ils doivent faire plusieurs voyages là où, auparavant, il n’en faisait qu’un ! », fait remarquer Karim. « Les tomates sont peut-être plus chères, mais si on peut aller de chez soi à son travail sans risquer sa vie à chaque fois, je suis prête à en payer le prix ! », s’amuse Maya.
 

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