Les sept femmes de l’homme de Byrsa

Du 15 octobre au 31 mars 2011, le musée de Carthage abrite la première exposition maghrébine de paléonthologie. Le sujet ? Un jeune homme, vieux de quelque vingt-sept siècles, dont l’état de conservation a permis aux spécialistes de reconstituer toute la prestance originelle.

La façade du musée national de Carthage. © D.R.

La façade du musée national de Carthage. © D.R.

Publié le 14 octobre 2010 Lecture : 2 minutes.

Au musée de Carthage, exténuées, les yeux pétillants, sept femmes se démènent autour d’un jeune homme, vieux d’environ ving-sept siècles. Archéologues, ethnologues, paléontologues, elles ont joint leurs compétences pour ramener, à leur manière, « l’homme de Byrsa » d’entre les morts.  L’histoire débute en 1994 quand le conservateur du musée de Carthage de l’époque, Abdelmajid Ennabli, en voulant planter un arbre, met à jour une tombe à puits au sommet de la colline de Byrsa, cœur sacré de la ville punique.

L’on découvre alors un mobilier funéraire peu commun et un squelette entier intact. L’emplacement de la sépulture est singulier : en hauteur et excentrée par rapport à la nécropole, elle est proche du saint des saints de Byrsa, « le temple d’Eschmoun ».  Une véritable enquête policière débute, menée par l’archéologue Leïla Ladjimi Sebaï, de l’Institut national du patrimoine (INP) et directrice du bureau tunisien de l’International Council of Museum (Icom), et l’ethnologue Sihem Redissi.

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Elisabeth Daynès se penche avec tendresse sur son « patient ».
© D.R.

« Belle prestance »

Cette dernière fait parler le squelette : il s’agit d’un homme entre 19 et 23 ans, atteint d’une maladie génétique. Le bon état des membres inférieurs souligne qu’il n’était pas habitué aux travaux rudes. « Robuste, 1,70 m, il avait une belle prestance », conclut Sihem. 

Un corps, c’est bien, un visage, c’est mieux. Sihem Redissi poursuit ses investigations, rue du Faubourg du temple à Paris, à l’atelier d’Elisabeth Daynès. Sculpteur reconstructeur, cette dernière, connue pour avoir donné un visage à nos ancêtres australopithèques, Lucy et Toumai, grâce à la dermoplastie, tombe aussi sous le charme de l’inconnu de Byrsa.

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Le crâne de l’homme de Byrsa était très bien conservé.
© TAP

Prince ou manant ?

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« Le crâne est très bien conservé, confie-t-elle ; ce qui assure un rendu très proche de la réalité. Avec les techniques de reconstitution faciale, Jean Noel Vignal, anthropologue médico-légal, nous a livré des éléments très précis tels que l’épaisseur des tissus mous qui ont permis de modeler le visage. Toutes ces données assemblées ont confirmé un visage méditerranéen raffiné que l’on a recréé en trois mois. La seule liberté a été de choisir la couleur des yeux et des cheveux ». 

Prince ou manant, « l’homme de Byrsa » méritait un événement. Leila Ladjimi Sebaï a convaincu les institutions tunisiennes du projet et obtenu de la coopération française les financements nécessaires pour la reconstitution (30 000 euros). Ayant retrouvé un visage, « l’homme de Byrsa » vêtu de lin blanc et pourpre, présente au musée de Carthage, du 15 octobre au 31 mars 2011, son environnement funéraire. Première maghrébine, cette superbe exposition, ne clôt pas l’enquête, des tests ADN soutireront d’autres aveux.


L’homme de Byrsa avec son environnement funéraire au musée de Carthage jusqu’au 31 mars 2011.
© TAP

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