Présidentielle : Laurent Gbagbo, un candidat web 2.0 ?
La place prise par internet dans la communication politique est aujourd’hui considérable. Du côté d’Abidjan, le candidat Laurent Gbagbo en est conscient. Et met tout en œuvre pour séduire les « web-électeurs » en vue de l’élection présidentielle du 31 octobre.
Pour faire un président, il faut plus que des meetings. Et l’actuel chef de l’État Laurent Gbagbo, comme les autres candidats, l’a très bien compris. Pour séduire les quelque 5,3 millions d’électeurs de l’élection présidentielle ivoirienne du 31 octobre prochain, il faut occuper tout l’espace médiatique. Donc être présent sur la Toile, nouvelle arène du combat politique.
Conscient de l’importance croissante du web et de la blogosphère, Laurent Gbagbo a lancé, le 24 septembre au campus universitaire de Cocody à Abidjan, son site officiel de campagne en présence de plusieurs milliers d’étudiants. Celui-ci est même doté d’une web TV. Mais le candidat du FPI a également adopté, depuis longtemps, les réseaux sociaux : Facebook, Twitter, Dailymotion, HI5, YouTube…
Stratégie hermétique
Car Laurent Gbagbo n’est pas un débutant dans l’outil internet. Dès l’élection présidentielle d’octobre 2000, qu’il a remportée face au général Robert Gueï, son équipe de campagne avait commencé à publier les résultats provisoires du scrutin sur la Toile, avant même que la Commission nationale électorale (CNE), l’ancêtre de l’actuelle Commission électorale indépendante (CEI), n’en fasse l’annonce officielle. Et pour tenter d’amadouer l’opinion française pendant la grave crise franco-ivoirienne, il avait participé en novembre 2004 au forum internet de l’hebdomadaire français Le Nouvel Observateur.
Pour l’élection présidentielle, la stratégie de communication internet de Gbagbo est très hermétique, mais ses grandes lignes sont connues. La propagande électorale se focalisera sur les jeunes (plus de 60 % de l’électorat) et la diaspora, qui est estimée à plus d’un million de personnes. La direction de sa campagne en ligne envisage de mettre en œuvre un processus de certification des sites partenaires, y compris ceux basés à l’étranger, avant les recommander aux internautes. Au quartier général de campagne, situé dans la commune de Cocody, une équipe d’une dizaine de personnes s’activent quotidiennement sur internet.
« Nous avons commencé timidement avec 4 900 fans sur Facebook, mais, nous comptons atteindre notre vitesse de croisière après l’investiture de notre candidat [prévue le 9 octobre, NDLR] », estime Demba Traoré, un web-architecte revenu de son exil américain pour devenir directeur de campagne chargé de la communication et des NTIC (nouvelles technologies de l’information et de la communication).
Un million d’internautes
« 80 % de l’électorat a accès à internet, c’est un support qui est cœur de notre stratégie, malgré la fracture numérique. Notre campagne en ligne ne ressemblera pas à celle d’Obama, mais nous allons assurer », explique Demba Traoré, qui entretient le mystère sur le budget de dont il dispose. Une chose est sûre : le camp présidentiel n’a pas lésiné sur les moyens.
Quel que soit le montant des sommes investies, le jeu en vaut la chandelle. Selon les statistiques de l’Agence des télécommunications de Côte d’Ivoire (ATCI), le pays compte aujourd’hui plus d’un million d’internautes. Un chiffre qui, en toute hypothèse, peut fortement peser sur le résultat de l’élection. Et qui explique que dès 2009, des communicants « bénévoles » dirigés par Éric Anet, un proche de Pascal Affi N’Guessan, le président du Front populaire ivoirien (FPI, fondé par Laurent Gbagbo), aient lancé aucoeurdeselecteurs-ci.net. Une plate forme de propagande qui s’est avérée, au fil des mois, incontournable. L’univers virtuel aura définitivement son mot à dire dans l’élection du 31 octobre. Affaire à suivre…
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